Magie
La scène se passait dans un caveau étroit situé dans le sous-sol de la salle des conférences du boulevard des Capucines. Ce caveau était éclairé par une lampe qui répandait une clarté douteuse. Dans un des angles du caveau, on remarquait un gigantesque sabre qui avait servi à décapiter la tête exhibée et posée sur un guéridon à trois pieds. Une serviette maculée de sang le couvrait. De chaque côté de la tête du décapité étaient placés deux crânes. La tête répondait à toutes les questions qu'on voulait bien lui poser à condition toutefois que ce fut en anglais : voilà à quoi ressemblait la toute première expérience de la " tête sans corps " encore appelée " décapité vivant " ou " décapité parlant ", apparue en 1866. L'exécutant s'appelait alors Jules Talrich, lequel avait probablement être inspiré d'un passage de " Don Quichotte ", le roman de Cervantes, titré " La tête enchantée ". Le premier prestidigitateur qui inventa, et présenta sur scène, une décapitation, par ailleurs intitulée l'"homme mutilé ", fut le célèbre Adrien Delille, du théâtre du même nom. Le truc, que personne ne dévoila et que l'on disait être d'une grande simplicité, fut ensuite repris par le Docteur Lynn et beaucoup plus près de nous, sur scène, on se souviendra, entre autres, d'Omar Pascha. Au cirque, on pense que ce fut le Docteur Epstein qui aurait été le premier prestidigitateur à montrer le " décapité parlant ". Les Rancy, bien entendu, engagèrent sur leurs pistes, des magiciens présentant le numéro dit de la " tête sans corps ". En 1922, chez Alphonse, et l'année suivante chez " Jean Houcke ", les publics lyonnais et amiénois applaudirent ainsi respectivement un certain Monsieur Riddo dont nous reparlerons dans les semaines qui viennent, et nous savons déjà qu'il y eût aussi Okati chez " Napoléon Rancy " en 1929. Au cours de ces différentes exhibitions, le personnage qui jouait le rôle de la tête du décapité, était, on s'en doute, confortablement assis dans un excellent fauteuil, car les glaces formant triangle, encadrées dans les pieds de la table, étaient suffisamment écartées pour qu'il fut à l'aise. De même, le mouvement des yeux, des muscles de la face, de la langue, étaient très naturels, et pour cause....
Source : " La Petite Gironde " - Le Progrès de la Somme "
Mots clés : Rancy Houcke cirque Amiens magie tête
Demain, quatrième et dernier article mettant en valeur " la tête sous tous les regards " et consacré à une " femme au cerveau étrange ", une certaine Miarka, et c'était chez " Gallici-Rancy "