Que peut-on bien faire avec des grenouilles sur une piste de cirque ou une scène de music-hall ? Eh bien, comme les poissons, on peut les avaler, bien sûr. C'est ce que firent, entre autres, Jonas, Roginski, Vellens et bien entendu, sans doute le plus célèbre d'entre tous, Mac Norton. Sur ces quatre artistes, trois d'entre eux se sont produits chez les Rancy. Jonas en 1917, Vellens en 1924, et Mac Norton, à plusieurs reprises entre 1916 et 1928. Ce numéro, dit de l'" homme aquarium " a évidemment disparu de nos pistes et de nos scènes actuelles, mais il persiste toujours un certain mystère derrière cette attraction. Autrement dit, y avait t'il un truc ou non ? Ces artistes étaient ils atteints de mérycisme (un trouble de conduite alimentaire consistant à régurgiter puis à remastiquer les aliments) ou non ? Un célèbre professeur de la faculté de Médecine de Paris, lui-même atteint de cette pathologie, expliquait, dans les années 1920, que ces artistes n'étaient que des " mérycistes " conscients et organisés. doués depuis leur plus tendre enfance de l'étrange faculté de régurgiter sans effort le contenu de leur estomac, les " hommes aquarium " avaient acquis, à force d'exercice, une maîtrise particulière et fait de cet organe un instrument docile, aussi obéissant à la volonté qu'un bras ou qu'une jambe. Tout, en réalité, n'était qu'une question d'entraînement. Bien curieux exemple de culture physique en tout cas.... Le Professeur Desternes, chef de service de radiologie à l'Hôpital Beaujon, avait, quant à lui, à cette même époque, passé aux rayons X l'estomac de Mac Norton, et en avait conclu les caractéristiques suivantes que l'on croirait volontiers, à une époque où la fibroscopie n'existait certes pas encore. : " Estomac de forme normale, s'adaptant de façon parfaite à son contenu, doué d'une élasticité et d'une tonicité remarquables, d'une musculature puissante, renforcée au niveau des régions cardiale et pré pylorique, et possédant, enfin, à un très haut degré, une contractilité anti péristaltique spontanée et volontaire. C'est, en somme, l'estomac idéal ". L'estomac d'accord, mais l'oesophage alors ? En rédigeant cet article, je me suis soudain souvenu du croquis ci-dessous, vu dans un ouvrage de sémiologie (étude des signes) chirurgicale et illustrant une anomalie somme toute assez rare du tube digestif - pour ma part, je n'en ai jamais vu - appelée le " diverticule oesophagien " . Alors, qui faut-il suivre ? Le professeur parisien du début du 20ème siècle ou bien l'auteur du livre en question, autre éminent chirurgien de la capitale et membre de l'" Académie de Médecine " ? Je n'ai pas vraiment la réponse certaine à cette question.
Avouez quand même qu'il n'y a que la " Mémoire des Rancy " pour vous proposer un tel article !