Au cirque, on connait la propension des dresseurs à associer des animaux d'une manière souvent insolite et ce, que ce soit dans une cage ou en dehors de celle-ci.
On se souvient notamment de l'association improbable que réalisa le dompteur Pierre Thomas, jeune lauréat de la " Bourse de la Vocation " en 1963, lequel monta l'année suivante une entrée de cage avec des lions, des ours, des chèvres et un mouton, un numéro qui fit d'ailleurs l'objet d'un sujet de l'émission mensuelle " Les Coulisses de l'Exploit ", émission du service des sports de la première chaîne menée par Raymond Marcillac et diffusée en 1966, les commentaires étant assurés par un tout jeune journaliste sportif, un certain Michel Drucker
En dehors de la cage, d'autres associations animalières furent aussi effectuées avec le même enthousiasme. Ces associations concernaient, par exemple, les chevaux qui évoluaient en compagnie d'éléphants, ou bien des exotiques d'horizons divers, mais aussi et surtout des petits animaux comme c'était le cas avec Arnosi :
Pour trouver au cours de ces dernières années, des Arnosi dans le milieu du Cirque, il faut se rendre aux Etats-Unis d'Amérique. Ainsi par exemple, le " Ringling Bros-Barnum and Bailey Circus " programmait en 1989, les deux Arnosi au cadre aérien.
Deux, c'est justement le chiffre qui accompagna chez " Rancy ", la présence d'un certain Monsieur Arnosi - dont je ne sais d'ailleurs s'il existe un lien de parenté avec les précédents - puisqu'il s'y est produit à deux reprises, 1923 et 1927, et dans deux prestations animalières associant chiens et singes savants et comédiens. Lors de sa première parution, en 1923, à priori, seule une meute de chiens savants apparaissait dans certains spectacles. Au cours de ces prestations, Arnosi présentait aux spectateurs une scène de plus ou moins bon goût, voire macabre, mais qui obtenait généralement auprès du public de l'époque un succès considérable. Il s'agissait de l'" Enterrement de Landru " dans lequel on pouvait apercevoir le corbillard, la veuve sous le crêpe, ainsi que le curé avec un cierge. 1923, 1927.... Pour rester avec le chiffre " deux ", il y avait ces années-là, deux Frères Rancy avec deux établissements distincts, circulant sur les routes de France. Reste donc à savoir lequel d'Alphonse ou de Napoléon engagea Monsieur Arnosi. Eh bien, ce fut Napoléon qui eût l'heureux privilège de recevoir cet artiste sous son chapiteau.
Pour voir des fauves en compagnie d'animaux divers, en dehors de la cage, il fallait se trouver chez " Sabine Rancy " en 1974 où se produisait Nicolossi, parfois écrit Nicoloci ou encore Nicolici, un artiste et donc un numéro décriés en raison des conditions de détention des animaux, mais qui étaient annoncés à grand renfort de publicité :
Nicolossi, parfois écrit Nicoloci ou même Nicolici, a été un peu l'étoile filante du cirque. Il est arrivé au " Cirque Sabine Rancy " au début de l'année 1974 et en est reparti comme il était venu à la fin de la saison sans que l'on ne le revit jamais sur aucune piste de cirque. De ce fait, on ne sait que finalement peu de choses sur cet artiste.
On racontait qu'il avait été découvert par Sabine en personne en Roumanie, dans la région de Targoviste, mail il n'en était rien. s'il était bien roumain d'origine, il avait été, en réalité, repéré tandis qu'il effectuait des animations sur les places publiques ou dans les galeries marchandes d'hypermarchés. Il présentait alors ce fameux " arche de Noë ", l'un des plus éclectiques que l'on put voir, dans lequel figuraient des animaux très divers. Jugez en plutôt ! Un bouc, des chats, un pingouin, des perroquets, un ours, un chimpanzé, un lion, une panthère, un guépard, trois chiens danois, tous en totale liberté.
Nicoloci rappelait un peu, par son physique et sa carrure, les montreurs d'ours du temps jadis. C'est sans doute la raison pour laquelle, on le retrouvait au centre du tableau final du spectacle 1974 de Sabine Rancy, intitulé "Notre-Dame".
Tous ceux qui ont vu Nicoloci gardent peut être comme moi un souvenir de cet artiste atypique. En ce qui me concerne, il me restera toujours en mémoire l'image du lion dans le coffre d'une 404, image pour le moins surprenante lorsque l'on ne s'y attend pas et qui aurait certainement, de nos jours, fait bondir, et sans doute pour une fois à juste titre, les associations dites de " défense des animaux ".