En ce jour de commémoration, comment ne pas rendre hommage à un authentique militaire répondant au nom de Charles Gourdin (1868-1936), qui fut, de 1895 à 1911, tambour-major de la fameuse " Garde Républicaine ". Une fois l'heure de la retraite militaire sonnée, il se reconvertit sous le nom de Royus, en artiste de cirque et de music-hall et ce, sans jamais quitter son tambour. Et devinez quelle fut la première piste à l'accueillir ? Celle de Napoléon Rancy en 1911, où il présentait les " étapes du tambour français ", autrement dit des scènes de tambour à travers les âges, soit depuis le 17ème siècle jusqu'à 1910.
Charles Gourdin, alias Royus, fut une véritable légende de sa discipline. Et comme toute légende, il eût ses " fans " et aussi ses détracteurs.
Adulé par certains qui voyaient en lui un génie, il fallait effectivement lui reconnaître un certain talent, autant comme meneur d'hommes - il avait sous sa coupe plus de quarante hommes - que comme musicien et même compositeur, puisque plusieurs morceaux tels " La Marche Impériale ", " Le Réveil de la Garde " et surtout " La Marche d'Austerlitz " restée célèbre, et qui a la particularité de se battre partie baguette sur la peau, partie sur le cercle du tambour et partie baguette contre baguette, sont à mettre à son actif. Au cirque et au music-hall, on le disait " virtuose tambour " ou " roi du tambour ", interprétant sans doute les mêmes airs que sous les ordres..
Ses détracteurs reprochaient à ce grand gaillard de " brailler " de son impossible voix de gorge voilée, assourdissant ainsi le public avec de trop savants roulements, comme pour mieux se venger de n'avoir pas d'organe. De plus, ils l'accusaient de n'avoir en réalité rien composé, mais simplement retranscrit à l'oreille des partitions anciennes issues des archives musicales de la " Garde Municipale de Paris ", recompositions qu'il avait lui-même déposées à la " SACEM ", et dont l'interprétation avait, dit-on, été agrémentée pour des raisons de musicalité.
Ainsi, si l'on peut encore entendre de nos jours, lors de cérémonies officielles notamment, des marches de Charles Gourdin, au cirque en revanche, à l'ère des bolas argentins, le temps de Royus est décidément bien loin.
Une petite anecdote à propos de Royus, pour conclure.... Son vice était la passe anglaise, un jeu de dès que connaissent bien semble t'il, tous les joueurs d'argent. Il aimait la passe anglaise, mais... n'était pas aimé d'elle ! Vers la fin de sa carrière artistique, dans les coulisses du vieux " Casino de Montmartre " où il se produisait, il jouait d'abord tout son cachet d'une soirée, puis, perte après perte, s'endettait de toute la semaine à venir. Un personnage haut en couleurs donc que ce Charles Gourdin, alias Royus, haut en couleurs dans tous les sens du terme.
Articles liés
Artiste. N comme Nino : un Vassallo au trapèze Washington (7 février 2011)
Artiste. H comme Holt : le jongleur " aérien " (10 février 2025)
Artiste. T comme Tonisko : un véritable pot pourri aérien (6 février 2025)
Artiste. A comme Al Rees : de l'équilibre sur verres dans les airs (5 février 2025)
Artiste. S comme Sarron : du " bel canto " parmi les chevaux (27 janvier 2025)
Artiste. P comme Piano (3) : le colonel Bordeverry, avec un fusil (22 janvier 2025)