Parmi les écuyères de haute école célèbres, il en est une qui se démarque sensiblement des autres, non que son talent ne fut ni moindre, ni supérieur à celui des autres, bien au contraire même, mais plutôt par le fait qu'on aurait pu penser qu'elle fut une acrobate plus qu'une femme de cheval, et, de fait, en la voyant se renverser sur son cheval au moment où il pointait, cette idée n'avait rien d'extraordinaire. En réalité , Eugénie Weiss, puisque c'est elle dont je parle aujourd'hui, aussi connue sous le nom de baronne de Rhaden depuis qu'elle eût épousée le baron du même nom, Oscar de son prénom, était bien une écuyère, et même une écuyère de grande qualité. Le tour de force qu'elle réalisait chaque jour en piste, par ailleurs plus dangereux qu'on ne puisse le penser, masquait peut-être un peu le reste de sa prestation de haute école faite d'un pas espagnol, de pirouettes, de changements de pied, etc.... C'était bien de l'équitation qui a toujours voulu dire monter à cheval. Au " Cirque Rancy ", en 1890, sous le nom de Mademoiselle Eugénie , elle montait Partisan, particulièrement sensible au charme de la musique puisqu'il valsait, dansait au rythme de la polka, battait la mesure, se mettait à genoux ou encore se couchait à terre. Le nom d'Eugénie Weiss, ou baronne de Rhaden, défraiera la chronique, quelques années plus tard, quand éprise d'un jeune officier danois, un certain Castenchiold, qui la suivait partout, jusqu'au jour où son baron de mari, irrité, provoqua le lieutenant et le fit chasser du cirque. Celui ci revint un jour à Clermont-Ferrand, et ce qui devait se passer arriva. Oscar de Rhaden tua le jeune officier. Toutefois, acquitté au tribunal du Puy de dôme en 1893, il emmena sa femme, dont les nerfs furent douloureusement ébranlés par l'émotion, à l'étranger pour qu'elle se refasse une santé. Revenue sur la piste, elle retrouvera le succès, notamment à Paris. Elle avait tout oublié, retrouva la célébrité et le bonheur à nouveau, jusqu'au jour où elle perdit le baron, brutalement enlevé à la vie, avant de perdre un jour la vue à Nice, à la suite d'une hémorragie rétinienne qui l'empêcha évidemment de poursuivre sa carrière au cirque. Tout n'était cependant pas fini pour elle qui avait alors que trente-cinq ans, puisqu'elle apprit alors le chant avec un professeur distingué. Particulièrement douée pour cet art, Eugénie paraîtra alors sur des scènes réputées, telles celles des " Folies Bergères ", où elle entonnera mélodies et autres airs d'opéra comme " Pleurez mes yeux ", extrait du Cid. Voilà en tout cas un morceau bien choisi. C'est le moins que l'on puisse dire....
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