Alors, avez vous reconnu cette écuyère ? Tenez, voici deux autre photos, à cheval cette fois. Un petit indice supplémentaire : on la surnommait la " Dame Blanche ".
La " Dame Blanche "
Lorsqu'on observe cette dernière photo, on remarque que la moitié inférieure du visage est un peu celle des Renz. Quant à la moitié supérieure, elle rappellerait davantage celui des Rancy. Pourtant, si Thérèse Renz, puisque c'est d'elle dont il s'agit, porte bien le nom illustre du cirque allemand, elle ne fut, en réalité, que la seconde épouse épouse de Robert Renz, fils de Cornélius, lui-même frère du " vieux Renz ", et n'avait donc, de ce fait, aucun lien filial direct avec celui-ci. Née à Bruxelles en avril 1859, Thérèse Stark - c'est son nom de jeune fille - était la fille de Lina Wollschläger et de Wilhelm Stark, directeur de cirque outre-Rhin. Elevée par sa tante qui tenait un magasin de mode, elle fut tenue à l'écart du monde circassien jusqu'au jour où, assistant à une représentation du " Zirkus Renz ", elle réussit à convaincre ses parents et sa tante que là était sa place. Placée au " Cirque Wülff ", Thérèse y reçut une formation artistique approfondie et devint en peu de temps une voltigeuse équestre remarquée. Après des engagements en Allemagne et en Suisse, elle rejoint le " Zirkus Renz " où elle s'éprit de Robert, l'un des neveux d'Ernst Jacob, lequel ne supportait toutefois pas que des amourettes entre les membres de son " institut ", comme il appelait son établissement, même, et je dirais même surtout, s'il concernait des membres de sa famille, car il savait qu'un jour ou l'autre, ces mêmes membres quitteraient son clan familial. Aussi, il congédia le couple qui rejoint alors le " Zirkus Herzog " en 1879. Remarquable écuyère de haute école, formée par Heinrich Herzog, devenant sans doute l'une des plus grandes de son temps, voire de tous les temps, Thérèse Renz se maria finalement avec Robert en 1883, lequel lui donnera un fils Hugo. Elle rejoindra à nouveau le " Zirkus Renz ", alors dirigé par Franz, le fils d'Ernst Jacob. En peu de temps, elle perdit sa mère et son mari. Elle continuera néanmoins de se produire en piste. On la verra notamment à Paris au " Nouveau Cirque " d'Hippolyte Houcke, en 1898, sur Albarac, l'un de ses chevaux de haute école, les autres s'appelant Blitz, Solon et Cromwell. En 1900, elle se produira à nouveau dans la capitale à l'occasion de l'" Exposition Universelle ", avant de traverser la manche, l'année suivante, pour rejoindre l'" Hippodrome de Londres " et de s'envoler vers les Etats Unis où, durant quatorze mois, Thérèse Renz obtiendra un succès considérable à l'" Hippodrome de New-York ", puis au " Keith Circuit "avec un numéro intitulé " La Dame Blanche ", numéro dit de la " statue équestre ", dans lequel, vêtue de voiles vaporeux, elle effectuait des poses plastiques sur sa monture, éclairée par un seul projecteur, le reste de la piste étant entièrement dans l'obscurité. Elle fondera, avec son fils Hugo, un cirque en Belgique vers 1910, où, en plus des chevaux, elle se mit à dresser d'autres animaux, des poneys, des zèbres, des dogues, des éléphants. Un peu avant le début du premier conflit mondial, elle eût malheureusement la douleur de perdre Hugo et, la même année 1913, son cirque fit faillite. Après un court séjour chez " Hagenbeck " à l'" Olympia de Londres ", Thérèse Renz reprit la route en Belgique lorsque se déclencha le conflit mondial. Après s'être retirée du milieu circassien le temps de la guerre, elle se retrouva alors avec seulement les deux éléphants d'Asie qu'elle avait dressés. Malheureusement, Thérèse Renz fut en proie à des difficultés matérielles au point de devoir mendier de la nourriture pour ses bêtes dans les rues d'Allemagne. Elle perdit même l'un d'entre eux et vendit Dicky, l'éléphante restante, aux Knie, chez lesquels elle le présentera durant deux saisons. En 1921, on la verra au " Cirque de Paris " avec Dicky et un poney. En mars 1923, après avoir laissé Dicky chez " Knie ", elle se remit à l'équitation savante et investit la piste du " Cirque de Troyes sous la direction d'Ugo Ancillotti, puis le " Zirkus Busch " de Vienne où elle montera le fameux Last Rose, et enfin, " Sarrasani " que le Capitaine Scheider avait loué pour les fêtes de fin d'année 1931. Arrivée à l'âge de soixante-treize ans, on aurait pu croire sa carrière achevée, mais, pour survivre, elle fera son retour au cirque. On la verra encore en piste chez " Médrano " avec Malachit et toujours Last Rose, et fêtera, deux années plus tard, son soixante-quinzième anniversaire à la " Scala " de Berlin, où elle exprimera ce jour là son souhait de travailler en piste jusqu'à l'âge de quatre-vingt ans. Après un séjour chez " Jacob Busch ", elle continuera alors à tourner en Europe, accompagnée de sa cousine Lina Wünderlich et de mari Otto. Thérèse Renz décédera le vingt-neuf septembre 1938 et sera enterrée à Berlin. Alors, pourquoi évoquer si longuement Thérèse Renz dans la " Mémoire des Rancy " alors qu'elle ne s'est jamais produite sur leurs pistes ? Eh bien, tout simplement parce que, de par ses alliances familiales, elle n'est autre que l'arrière-grand-tante de Sabine Rancy et de Dany Renz.
Nous poursuivrons notre semaine avec un autre membre de la grande dynastie des Renz, Mademoiselle Louise (photo ci-dessus), fille de Léonard, nièce de Thérèse et Robert, et donc petite nièce du " vieux Renz ", qui fut la première femme en Europe à voltiger sur un cheval au galop. Puis, decrescendo, suivant le rythme de celui-ci, nous évoquerons Miss Elisa qui effectuait un travail aux deux allures, Mademoiselle Palmyre, écuyère " à panneau " sur un cheval au trot, et, enfin, nous reviendrons au travail au pas, ou plutôt au trot et au pas, avec la haute école de Mademoiselle Eugénie.
Louise Renz, Elisa Perks, Palmyre Annato et Eugénie Weiss seront donc nos hôtes de la semaine....