Au cirque, quand un numéro est défaillant pour un certain temps, il est habituel, quand cela est bien entendu possible, de le remplacer. Dans la " Mémoire des Rancy ", c'est la même chose. Il y a deux jours, je devais destiner le dernier article inédit de la semaine au clown blanc Tonino et j'ai dû, au dernier moment, lui substituer un autre article consacré aux Ginos. Tonino répondait pourtant à tous les critères du thème de la semaine qui s'est achevée. Son nom d'artiste était un prénom terminé par " no " et, de plus, il portait un patronyme célèbre, celui de Zavatta. Seul hic, Tonino, né en 1898, ne pouvait, comme le prétend Yves Dagenais, dans son " Petit Auguste Alphabétique ", être présent en temps que " blanc " chez Alphonse Rancy en 1910, n'étant alors âgé que de douze ans cette année là. Et, de toute façon, je n'en ai trouvé aucune trace à ce jour. En revanche, Louis (Luigi) Zavatta, fils de Frederico Zavatta, et donc l'un des membres de la fratrie du grand Achille comme le furent également Riccardo (Michel), Ysolina, Rodolpho (Rolf) et Eléonora, se présenta chez André Rancy en 1933 et 1934, alors qu'il faisait partie de la troupe d'acrobates équestres des Germains engagée à cette époque. Il faut dire qu'il était un artiste polyvalent, se révélant aussi bien acrobate cascadeur que comique. Il monta aussi un numéro où il pilotait une moto qui tournait dans un anneau métallique soutenu à la verticale par son frère Michel.
Comme on le voit, la polyvalence a toute son importance au cirque. Tenez.... Pour rester avec la famille Zavatta, Ysolina, qui, par ailleurs, fut une excellente violoniste, était trapéziste, comme nous le savons déjà, mais effectuait également avec son mari un numéro de perche portée, deux prestations pour lesquelles elle trouvait le moyen de jouer de son instrument préféré :
Difficile d'imaginer pouvoir jouer du violon tout en maintenant un long bambou en équilibre sur la tête. C'est pourtant ce que réalisait Miss Fabbrini au " Cirque Rancy " à Bordeaux en mars 1933. Cette dernière, en véritable femme cariatide, portait en effet une perche au sommet de laquelle son époux, Guelfo Fabbrini, effectuait d'intrépides exercices. Une dernière précision : Guelfo Fabrini était à priori argentin, et c'est sous le nom de Fabbrini que le couple se fit valoir en piste.
Si la polyvalence a toute son importance pour les artistes, c'est également le cas du nom que ces derniers prennent à l'occasion de leurs différentes prestations, et là, nous verrons que tout est possible....