En fait, c'est du côté de Ransart, une petite agglomération du Bassin de Charleroi que débute cette histoire. À l'origine, un bois, propriété du duc de Mecklembourg, la couvrait à moitié . A mesure de son lent défrichement, un quartier, auquel il donna son nom, s'y érigea à l'ombre des hêtres en retraite. Le curé Deloor désirait y créer une paroisse, les nouveaux habitants délaissant les cérémonies religieuses. Il mit du temps à rassembler la somme nécessaire pour l'édification du lieu saint. Il avait décider un certain François Goffe et Germain Kaise à lui laisser une de leurs parcelles du " Bois ", valorisant ainsi leurs autres terres voisines. Le 29 juillet 1876, par devant le notaire Léon Misonne, de Fleurus, ils validaient l'acte qui disait que l'église reviendrait à Kaise si l'on n'y officiait dans les sept années qui suivaient. Le 21 Juin 1878, l'abbé Deloor en cimentait la première pierre. La construction progressait en même temps que les collectes recouvraient le fond de la caisse. Mais, sept ans après le contrat, pavement, vitraux, porte d'entrée et clocher lui faisaient encore défaut. Bref, le pauvre curé n'y prêcherait jamais. Vieux, infirme et déçu, il se retira à Baudour, sa commune natale. Conformément aux dispositions de l'acte, l'église revint à Kaise. Il y remisa du fourrage, du matériel, en attendant qu'elle lui rapportât. L'année suivante, il engagea une troupe acrobatique qui portait le nom de Romarin. Celle-ci s'y produisit pendant les fêtes de l'Ascension. Kaise empocha les recettes et alloua à la troupe la somme de quarante francs par soirée. Sans doute, fût elle la seule troupe de cirque à avoir travaillé dans un tel édifice non encore consacré au culte, mais pas non plus désaffecté. Un peu plus tard, vers la fin du XIXème siècle, en Belgique, mais aussi en France, on retrouva un " Cirque Romarin " dont les directeurs furent associés, à l'origine, aux Fourret, eux-mêmes issus d'un théâtre forain, établissement dont on pouvait encore trouver des traces dans les années 1990. Dans notre pays, cet établissement était même bien connu dans le Nord, la région parisienne et la Seine et Marne. Comme dans nombre de cirques dits de moyenne importance, une grande partie du spectacle résidait dans la parade que menait alors Jules Romarin, et qui se déroulait sur une longue et vaste estrade, presque aussi grande que le chapiteau, surmontée d'une enseigne (photo ci-dessus). On peut aisément l'imaginer : le directeur en personne, porte-voix à la bouche, bonimentait. Les clowns jouaient de la trompette. Un gamin frappait sur la grosse caisse, tandis que la fille de la maison esquissait quelques pas de danse acrobatique dans sa tenue rose bonbon. Elle envoyait des baisers à la foule qui s'amassait devant l'estrade, et qui applaudissait encore l'athlète qui montrait ses biceps. Bref, les Romarin étaient bien de vrais banquistes, et comme beaucoup d'entre eux, ils s'allièrent à d'autres banquistes. C'est ainsi qu'un de leurs membres se maria, un jour, à une demoiselle Mélodie Van Been, d'une célèbre famille de dompteurs belges, une jeune fille qui avait pour soeur une certaine Rosalie, dite Rosa, qui, quant à elle, épousa Monsieur Joseph Bouglione. C'est comme cela qu'on peut expliquer que les Romarin, lointains descendants des " saltimbanques de la Maison de Dieu ", furent engagés chez les Bouglione, et que, parmi eux, une jeune fille prénommée Josette, future Madame Rodolphe Figuier, habile et gracieuse danseuse sur fil de fer, évoluant seule ou en duo avec Gipsy, mais aussi as de l'antipodisme (photo ci-dessous) et de l'équilibre sur boules avec cette dernière, sous le nom de Margis, eût l'occasion de se produire chez les Rancy en 1962 et 1963.
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