Voilà ce que disait le Docteur Garnault dans l'un des numéros de " Revue Scientifique " de l'année 1900, après avoir observé O'Kill, célèbre ventriloque de l'époque, en engagement chez " Rancy " cette année-là. Il ne s'agissait donc pas d'un phénomène surnaturel ou encore moins d'un don de la nature, mais du résultat d'un très long apprentissage pour arriver à une grande habileté dans cet exercice que l'on dit d'ailleurs particulièrement fatigant. O'Kill a déjà été cité dans l'article intitulé " V comme Ventriloques ", mais, je n'avais alors donné aucune précision importante concernant cet artiste, tout simplement parce que je n'en disposais pas. Depuis, les choses ont changé, et je puis ainsi vous dire que O'Kill se prénommait William, qu'il était britannique, né à Londres en 1850, mais qu'il était domicilié à Paris et avait épousé en 1885 une Marseillaise, artiste lyrique, Mademoiselle Marie Tosini, soit une année après sa première participation au programme du " Cirque Rancy ".
Cet artiste, qui en était, en effet, à son second engagement dans cet établissement - le premier ayant donc eu lieu en 1884 - surnommé le " roi des ventriloques " et évoqué dans l'oeuvre de Courteline, disposait d'une grande notoriété pour s'être déjà produit un peu partout dans le monde, et, en particulier, en France, où, outre " Rancy ", il fit également un séjour au " Cirque d'Eté ", ainsi que dans de nombreux music-halls du pays où il était d'ailleurs bien plus habitué à se produire, mais la réputation de " Rancy " à cette époque, tout comme celle du " Cirque d'Eté ", l'avait fait déroger à ses habitudes. Le numéro produisait du reste un bel effet sur une piste circulaire et ce, d'autant plus que les personnages, autrement dit les poupées toujours maniées avec la plus grande dextérité, auxquelles O'Kill donnait voix, étaient, contrairement à ceux de nos ventriloques que nous connaissons aujourd'hui, de grande taille. On les appelait d'ailleurs à cet égard, " poupées parlantes ", " automates" ou encore " mannequins animés ". L'une d'elles, par sa conversation, était capable, dit-on, " de dérider les spectateurs les plus moroses ", mais les autres n'étaient pas en reste. Elles parlaient, chantaient, dansaient, clignaient de l'oeil, saluaient, etc....
Je n'ai malheureusement trouvé comme illustration prouvant l'existence de ce ventriloque que cette affiche des " Folies Bergères ", mais je suis sûr que, même sans document adéquat, on me croira sur paroles au sujet quant à ses passages successifs chez les Rancy.