Un message via " Facebook " me demande d'évoquer les acrobates aériens Berty Borrest et leur passage chez " Napoléon Rancy " en 1956. Mais il me faut avant toute chose, rappeler le matériel utilisé par ces deux artistes qui firent partie du spectacle du centenaire de la célèbre enseigne, à savoir une perche suspendue. Au bambou originel, introduit par les asiatiques (le " bambou japonais "), a succédé un autre matériau, l'acier télescopique, également très utilisé pour les perches portées. Attraction que l'on rencontre encore parfois de nos jours, la perche suspendue est soit fixée à la coupole du cirque, soit maintenue à bout de bras par le porteur en suspension à l'envers, lui-même accroché par les jambes à un agrès, comme ce fut le cas dans le numéro des Berty Borrest.
Entre 1937 et 1957, ces artistes, qui avaient l'habitude de s'entraîner au " Gymnase saulnier " de Jean Cohen à Paris, ont ainsi été des spécialistes du " main à main aérien ", enchaînant planches, tourbillons à la mâchoire et croix de fer, le tout sur un appareil conçu par le porteur du duo en personne, Robert Berty, un ancien commerçant qui s'était reconverti dans le cirque. A l'origine acrobates au tapis, les Berty Borrest réalisaient une sélection d'exercices alliant intrépidité et force, mais aussi grâce et souplesse, bref un travail impeccable et très personnel aussi, qui leur permit d'être classés parmi les meilleures représentants de la discipline, ce qui leur valut des engagements et autant de triomphes sous les coupoles des plus grandes pistes d'Europe, et au-dessus des scènes les plus imposantes du vieux continent, tels " Amar ", " Médrano ", le " Blackpool Tower Circus ", l'" Empire " de Paris, le " Palladium " ou encore le " Tivoli " de Copenhague. Quant au " Cirque Napoléon Rancy " en 1956, ce fut l'une des toutes dernières apparitions sous un chapiteau des deux gymnastes, et non la moindre, en quelque sorte le véritable couronnement d'une brillante carrière, pour ces " athlètes de l'air " comme ils aimaient qu'on les surnomme. L'une des toutes dernières, mais loin d'être le seul engagement " rancynien " puisqu'on put encore applaudir les Berty Borrest dans le spectacle du " Cirque Albert Rancy " en 1943 (" Nouveau Cirque des Champs Elysées "), ainsi que dans celui du " Cirque André Rancy " itinérant en 1945 et, l'année suivante, sous la coupole de l'éphémère " Cirque Rancy " dirigé par les Frères Albert et André en association avec Bazola. Entre deux engagements, Robert Berty Borrest ajoutait toujours à ses propres répétitions des conseils sûrs destinés à de jeunes artistes, conseils nés de son expérience. Il faut dire que déjà, ayant alors perçu l'attrait du " numéro de l'air ", selon sa propre expression, il rêvait de créer une école trapézienne dont je ne sais si elle exista un jour. Que dire encore de robert Berty Borrest ? Qu'il initia à son art la grande comédienne Michèle Morgan quand elle dût apprendre les rudiments de celui-ci pour le tournage du film " Obsession " de Julien Delannoy, et que le tremplin de sa carrière, commencée au sol, et qui ne sera toujours, depuis l'enfance, qu'une fusée vers l'art aérien, fut un stage de moniteur de gymnastique aux Sapeurs Pompiers de Paris.
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