Vous connaissez déjà " César et Rosalie ", le célèbre film de Claude Sautet. Eh bien, je vous fais découvrir aujourd'hui César et Emilie ou plutôt Claudia, de son véritable prénom. Oh ! Si je vous donne le nom de famille de ce couple, ils ne vous sera certainement pas tout à fait étranger, puisqu'il s'agit en réalité de Cappellini, des dresseurs de chimpanzés qui avaient également été patineurs à roulettes, et que le " Cirque Napoléon Rancy " présenta une partie de la saison 1961, trois années après avoir accompagné Sabine Rancy et Dany Renz à Saint-Pétersbourg et Moscou à l'occasion de la présentation du " Cirque Français " en URSS, et quatre après une première rencontre au " Circus 58.
César Capellini était né en 1915 à Lyon de parents italiens " purs et durs ", c'est lui-même qui le disait, et qui avaient eu quatre garçons. C'est à la patinoire du Palais d'Hiver de la capitale des Gaules où ils préparaient ensemble un spectacle de patinage sur une sérénade de Schubert, qu'il rencontrera sa future femme, autrement dit Emilie, encore surnommée " Poupette ". Danser, patiner... César et Emilie ne se quittèrent plus et formèrent un duo international sur glace. En 1940, à trente-cinq ans, Monsieur Capellini et son épouse devinrent des professionnels du patinage très demandés, s'adonnant désormais au patinage acrobatique à roulettes. Pour le nouveau numéro acrobatique ainsi monté, ils avaient répété sur une table ronde de deux mètres de diamètre. Ainsi commença une tournée, de spectacle en spectacle,de scène en piste et de piste en scène, dans le monde entier. Ensuite, tout en continuant un temps leur prestation acrobatique, les Capellini montèrent pour le " Cirque Pinder " où ils étaient engagés, un numéro avec un chimpanzé mâle particulièrement doué et intelligent, éduqué par César lui-même. Il y avait une très grande complicité avec Pat, c'était le nom du chimpanzé, habitué par son maître à porter des chaussures. Pat fut bientôt rejoint par d'autres chimpanzés et de nombreux numéros furent ainsi montés. L'un d'eux s'appelait " Les Guars de la Marine ". Pour Pat, particulièrement, avait été créé un numéro d'orgue qui connaissait toujours beaucoup de succès et qui était unique en son genre. Toujours avec lui, il y avait eu aussi une scène au cours de laquelle le chimpanzé était déguisé en agent de la circulation à Istanbul, et une autre encore où, dans une voiture construite par le dresseur en personne, le chimpanzé s'imposait en bon conducteur.
Ce métier, César et Emilie Capellini l'aimaient. Il fallait évidemment beaucoup de patience et de travail pour quatorze minutes seulement passées sur scène ou sur piste. Toujours en déplacement, sur les routes, en bateau, en avion, dans les hôtels, " c'est une vie de dingue ", se plaisait à répéter César, mais c'était une belle et vraie vie d'artiste en réalité, avec ses voyages, en Afrique du Sud, en Angleterre, en Turquie, au Danemark, en Suède, en Norvège, en Espagne, au Portugal, en Russie, en Egypte, et j'en oublie certainement. C'était une vie bien remplie et très garnie, faite de rencontres internationales dans le monde du cirque. Cette vie était d'autant plus remplie pour César que pendant ses heures de détente que son métier lui laissait entre les deux spectacles de la matinée et de la soirée, le dresseur peignait tout au long de ses tournées avec les cirques, une peinture pleine de lumière, aux couleurs vibrantes. Il faut dire qu'il avait été élève en 1947 à l'école des Beaux-Arts de Londres, le " Royal College " et ce, pendant six mois. Dessins au crayon et au fusain, il peignait ainsi des nus en même temps qu'il préparait un numéro de patinage à Londres, ou encore un Sphynx au Caire en attendant le spectacle du soir au casino d'Alexandrie. Arrivés à l'âge de la retraite, les Capellinis se retirèrent à Dolomieu où César, patins à roulettes désormais remisés et chimpanzés placés dans un zoo, se mit à la peinture. Emilie ou Claudia, comme vous voudrez, décéda le quinze juin 2000 dans cette commune de l'Isère. Monsieur Capellini quittera alors Dolomieu pour Pierrelongue dans la Drôme. L'ex-artiste de cirque et de music-hall continua alors à peindre et à créer dans son atelier, des champs de lavande aux couleurs vibrantes, l'église de Pierrelongue qui l'inspirait vivement, un vitrail aussi aux couleurs de l'arc-en-ciel, symbole de la création du monde. Parmi ses plaisirs et ce, malgré le décès de son épouse, ses amis qui l'entouraient, la télévision également - il possédait toutes les chaînes du câble - et puis la photographie dont il était féru, des photos prises par lui-même, en noir et blanc, telles celles d'un trapéziste en plein vol, car, comme on peut l'imaginer, le cirque, et c'est le cas chez la plupart des anciens artistes, n'était jamais bien éloigné....
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