Manita Carrington, la "femme au cerveau étrange ", voyante et " conseillère morale " des cirques " Carrington " "et " Rancy-Carrington "
Parmi les Carrington du music-hall et du cirque, outre Joseph et donc Manita (photo ci-dessus), la troisième épouse du magicien - nous connaissons déjà les deux premières d'entre elles, Manolita et Manola - il y eût aussi Joëlle, fille de Manola et femme de Paul Beautour, qui, après avoir été trapéziste avec son mari, changea d'orientation à la suite d'un grave accident et s'illustra, dès lors, sur les pistes dans un numéro de grandes illusions, puis avec une prestation d'assiettes tournantes (les Parkers) et surtout un charmant numéro de caniches, seule sous le nom de Miss Carrington, puis avec son époux sous celui de duo Carrington.
Et puis, bien sûr, il y a James, le demi-frère de Joëlle et le fils de Manita et Joseph.
Né le 2 avril 1950 à Louviers dans l'Eure, la carrière circassienne de James Carrington a été intimement liée au nom de " Rancy " et ce, à plusieurs reprises.
Fils de Joseph Carrington, le grand magicien normand et de Manita, sa troisième épouse, que l'on vit chez " Rancy " en 1946, il débuta dans la profession avec ses parents à l'âge de 9 ans. La magie ne le passionnait pas et il fit alors ses débuts dans l'architecture jusqu'à la rencontre en 1969 avec ses partenaires, Claudy Renotte, un ancien maître de ballet wallon et Brigitte Mabire, qui deviendra son épouse. A l'âge de 20 ans, il créera avec eux le " Carrington Circus " qui tournera en Belgique flamande et wallonne, et dont le siège social sera situé à Haine Saint-Paul près de Mons dans le Hainaut. Il est alors le plus jeune directeur du monde.
Sa passion: le dressage. Les premiers animaux qu'il dressa furent des...oies. Ensuite, il dressa et présenta des poneys, un éléphant, des lamas, des serpents, jusqu'au jour où, d'une façon presque fortuite, il eût l'opportunité d'acquérir trois lions, bientôt complétés de trois autres, qui constitueront un groupe qui allait bien vite connaître la célébrité grâce à Jean-Pierre Panir, l'imprésario lillois, qui lui donna la chance de sa vie, le faire participer au prestigieux " Cirque de la Voix du Nord ". J'ai raconté la suite de l'histoire dans mon livre. James Carrington réalisa en 1978, la cohabitation d'un cheval de labour avec Youli, un ours de Sibérie, numéro qu'il confia à Marcel Rozier, le champion hippique, au " Gala de l'Union des Artistes " la même année.
Son hobby: être auguste. Chose qu'il réalisa tous les soirs sur la piste de son chapiteau, avec Claudy Renotte en clown blanc et Paolo Faïeta, puis avec le même Paolo, en compagnie de Mario Masson.
C'est en 1975, que James Carrington, ayant laissé une saison son cirque à la remise d'Englos près de Lille, fut engagé par Sabine Rancy, avec ses deux numéros, l'entrée de cage des lions, et Youli, son ours écuyer. Il présenta ces attractions de mars à juin, puis de septembre à novembre, après un court intermède estival avec le podium d'été de la " Voix du Nord " sur la Côte d'Opale. Les relations entre Sabine et James étaient très bonnes, à tel point qu'elle pensa à lui en juin 1977, lorsque, les affaires n'étant pas florissantes, c'était le moins de ce que l'on puisse dire, elle songea à vendre son cirque. Sans réponse de la part de James, c'est alors qu'elle opta pour la solution italienne, avec toutes les conséquences que l'on connaît. Par le plus grand des hasards, ou presque, le chemin de Sabine Rancy et James Carrington se croisa une nouvelle fois fin 78, lorsque Sabine, revenue en France, le temps de quelques spectacles rouennais, signa un contrat d'association pour la saison suivante, qui allait ainsi voir la naissance du nouveau " Cirque Sabine Rancy-James Carrinton ", dont le départ officiel eût lieu à Roubaix en mars 1979. On connaît la suite.... James Carrington, toujours associé à Claudy Renotte, racheta en juin 1979, après la cessation d'activités communes avec Sabine, quelque peu houleuse, le patronyme " Firme Rancy " qui appartenait désormais à Albert Rancy, après le décès de Sarah Rancy-Caryth. Le " Cirque Rancy-Carrington " parcourera la France entière durant quatre saisons. En 1982, James et Claudy se séparèrent, pour diriger chacun de leur côté, un " Cirque Rancy ", " Rancy-Carington ", " le seul, le vrai " pour James, et " Albert Rancy ", pour Claudy. Les deux établissements connaîtront tour à tour des difficultés financières. James Carrington arrêtera définitivement (ou presque) l'exploitation du " Cirque Rancy " en juin 1983, après quoi son établissement portera respectivement les noms de "Jean Richard ", loué à Gilbert Edelstein, et d'" Amar ", loué à Firmin Bouglione, lequel s'arrêtera en octobre 1985, après un lamentable contrôle fiscal en plein spectacle à Rouen, contrôle révélant certes un système de double billetterie que, du reste de nombreux cirques pratiquaient à cette époque.
James Carrington tournera encore quelques saisons en Espagne avec un cirque " Europa ", avant de devenir agent immobilier. Il vit actuellement toujours aux Baléares. Brigitte, son ex compagne tient, quant à elle, un commerce à Palma de Majorque. Leur unique fille Samantha est devenue hôtesse de l'air et vit à Madrid. D'une autre compagne, naquit un fils, Kévin.
James Carrington, actuellement marié à Shanelly Alina, revient de temps à autre en France, dans la propriété de sa maman aujourd'hui décédée, à Louviers, une maison située Boulevard Saint-Germain, dont il a lui-même élaboré les plans, profite de ses séjours en France pour assister à quelques spectacles de cirque (le " Cirque d'Hiver ", la " Grande Fête Lilloise du Cirque" et bien entendu, le prestigieux " Festival International de Monte-Carlo " qui a lancé sa carrière), et remet chaque mois de novembre, ou presque, le fameux challenge " Carrington " (voir la photo), récompensant le vainqueur d'une course à pied. Lors de ses rares séjours dans son pays d'origine, il ne manquait jamais de s'arrêter au Puy-en-Velay afin de rendre visite à Louis Bernard, son ancien administrateur des tournées, et aujourd'hui à son épouse Piérette, pour lesquels il a toujours gardé une estime bien méritée. C'est le moins que l'on puisse dire.
Et puis, pour être complet, il faut aussi signaler l'engagement de Miss Carrington et ses caniches le temps de quelques spectacles rouennais du " Cirque Napoléon Rancy " en 1964. Celle-ci, qui n'est autre que Joëlle Carrington, fille de Joseph et de sa seconde épouse, alliée à Paul Beautour, et le couple sera engagé au " Cirque Albert Rancy " de Claudy Renotte en 1982, Joëlle exerçant, par ailleurs, quelques fonctions administratives dans ce même établissement.
D'autres Carrington s'illustrèrent sur les pistes successives de James et de Claudy Renotte, à savoir le " Carrington Circus ", le " Cirque Sabine Rancy-James Carrington " et le " Cirque Rancy- Carrington ". Il y eût ainsi Lady Carrington, les Carrington Juniors, les Carrington Sisters et une certaine Katia Carrington. Mais, attention, tous ne sont pas d'authentiques Buhot-Carrington au cas où vous l'ignoreriez. Durant la semaine qui vient, nous démêlerons ainsi les vrais des faux Carrington, en commençant par la plus " carringtonienne " d'entre eux et en terminant par celle qui ne l'était pas du tout....