Cinq noms célèbres chez les Rancy
Je me souviendrais toujours de la réponse de Sabine Rancy qui, lorsqu'on lui demandait quels étaient les numéros et, à fortiori, les noms marquants qu'elle avait côtoyés au cours de sa carrière, et, en particulier, dans les établissements que dirigèrent ses parents ou elle-même : " Il y en eût tellement ! ", disait elle à ses interlocuteurs. Et si l'on extrapole à tous les établissements " rancyniens ", alors là, la liste, déjà importante, devient impressionnante. Nous en avons déjà évoqué beaucoup de ces numéros dans la " Mémoire des Rancy ". Il en reste encore de nombreux à honorer, surtout si l'on ajoute ceux qui parurent sur les pistes " franconiennes ", " houckiennes ", celles des Bureau, ou bien encore au " Cirque Carrington ". C'est ce que je m'efforcerai de faire encore tout au long de l'année qui vient.
J'ai l'habitude de débuter la semaine avec un article archivé. Ce n'est pas cette fois-ci que je vais déroger à la tradition. Alors, commençons avec une famille dont j'ai publié une photo hier dans " Chez les Rancy, à travers les âges ", celle des Briatore, des italiens qui s'illustrèrent dans des attractions diverses depuis l'art équestre jusqu'à l'art clownesque :
Les Briatore, célèbres acrobates de tapis, brillèrent de tout leur éclat au cours de la décennie 1880-1890. Ce fut précisément en 1887 et 1888 que le cirque Rancy les programma. Il s'agissait de quatre frères d'origine italienne, acrobates de bonne école, merveilleux d'agilité , de force , de souplesse et d'entrain travaillant en maillot collant, ayant toujours refusé l'habit noir que commençaient à utiliser abondamment nombre d'artistes de l'époque. " Supprimer les yeux de la beauté des muscles se contractant sous le maillot, et vous supprimerez l'attrait principal des jeux du cirque ", disait le professeur Desbonnet, créateur lillois de la culture physique. Parmi les quatre frères, il y avait Giovanni, l'aîné, puis Alessandro et Enrico, les deux jumeaux, au centre, lesquels deviendront plus tard Alex et Rico, véritables vedettes de l'art clownesque. Giovanni, outre le fait d'être acrobate, était aussi écuyer. Jockey, il se produisait aussi dans le " relais de Longjumeau ", une attraction qu'il présenta également chez Théodore Rancy en 1888. Alessandro, également jockey, effectuait, avec sûreté et légèreté, en ces mêmes années 1887 et 1888, une succession de sauts périlleux à cheval . À trois, Giovanni, Alessandro et Enrico se produisaient aussi dans les " Trois Hercules " ou encore les " Trois Lutteurs à Cheval " . Dans la famille, il y avait encore Adèle, leur sœur, qui reconnaît toujours une moisson d'applaudissements pour ses exercices de haute école qu'elle présentait seule ou en duo avec son frère Giovanni. Les Briatore étaient l'une de ces dynasties de la piste qui constituait l'aristocratie du peuple du voyage .Jai évoqué plus haut les clown et auguste Alex et Rico, au jeu plein de finesse, qui auront plus tard l'occasion d'être engagés en tant que tels, et même à de nombreuses reprises, chez les Rancy et les Houcke. Ce sera aussi le cas de leurs enfants qui sous le nom de Dangolys, magnifiques jongleurs rapides avec ballons et boules, incorporaient dans leurs prestations sauts et souplesses acrobatiques, cachet de leur bonne signature banquiste. Tout comme pour leurs parents, un article leur aura déjà été consacré dans la " Mémoire des Rancy ". En 1933 enfin, chez André Rancy, à Bordeaux, le spectacle, régulièrement renouvelé, comme c'était le cas pour les séjours longs dans les cités visitées, comprenait à un moment la famille Briatore. S'agissait il alors d'Alex et Rico et de leurs enfants Dangolys ou bien de cet autre numéro à succès des scènes de music-hall de l'époque intitulé " Cocktail Mélanging Act " et sur lequel nous n'avons finalement que très peu de renseignements ?
Difficile de faire un choix pour les quatre articles inédits restant à publier de lundi à jeudi, et consacrés à des noms marquants, soit de leur discipline, soit pour l'ensemble de leur carrière, soit, tout simplement, de l'histoire du cirque. Par ordre d'ancienneté décroissante de leur première apparition chez les Rancy ou apparentés, je vous propose donc, de découvrir ou redécouvrir, ceux de Bradfort (années 1910), de Poppescu (années 1920), de Cristiani (années 1930), et, enfin, de Beautour (années 1970), même si, concernant ce dernier, on pourrait, en fait, remonter bien plus longtemps en arrière. Vous verrez...