K comme Kubnick : l'animateur des jeux du " Circus 58 " (15 janvier 2023)

"Amis du bout des ondes, bonjour....". C'est la phrase de bienvenue que lançait chaque dimanche matin de onze heures trente et douze heures quarante cinq, entre 1954 et 1959, Henri Kubnick quand commençait l'émission " Echec au Public ", un des grands succès de la radio nationale qui sera aussi la première émission à être diffusée simultanément par la télévision. Kubnick, toujours prêt à lancer un bon mot qui déchaînera les rires d'un public fermement décidé à passer un bon moment, était d'abord seul au milieu de la scène. Le premier jeu de cette émission de divertissement musical s'appelait : " En connaissez vous le refrain ? ". L'orchestre jouait quelques couplets d'une chanson. Les spectateurs descendaient des gradins en courant et venaient sur scène fredonner le refrain. S'ils hésitaient, s'ils chantaient un peu trop faux aussi, c'était tout le public qui reprenait en choeur. Au bout de dix minutes, dix femmes et autant d'hommes étaient réunis autour de Kubnick. Ce dernier constituait alors deux équipes, les Adam et les Eve, qui allaient s'affronter dans une série d'épreuves musicales. Les jeux se succédaient : il fallait maintenant découvrir un animal évoqué par une chanson, puis un métier. La séquence favorite des auditeurs était sans doute celle où un concurrent de chaque équipe devait diriger l'orchestre sur un air imposé. L'effet  comique était garanti, les musiciens s'appliquaient, bien entendu, à suivre les maladroites injonctions  des maestros amateurs. Des sketches, sous le titre d'" Adam contre Eve ", venaient agrémenter et ponctuer l'émission. Ces querelles de ménage étaient jouées par Pauline Carton et Jean Tissier, et commentées par celle que l'on surnommait la " panthère des ondes ", Yvette Dinville. Autre intervention attendue, celle de Roméo Carlès qui venait camper sur scène les divers personnages de la famille Jaudru, inventée par Alexandre Breffort. En 1958, " Paris-Inter ", sous l'égide de la " RTF ", signa un accord avec le " Radio-Circus ", dénommé cette année là " Circus 58 ", pour partir en tournée dans le Nord de la France où celle-ci était assez mal écoutée. Ce fut " Echec au Public " qui fut choisie pour représenter la chaîne. Mais l'émission, diffusée en cours du spectacle, était d'abord un divertissement, je l'ai dit, et les récompenses étaient peu substantielles. Aussi, afin d'attirer le public, le directeur du cirque voulut inscrire sur les affiches qu'une forte somme était offerte chaque jour, l'émission étant devenue quotidienne. Kubnick retourna à Paris afin d'obtenir de la patronne de " Paris-Inter ", Agathe Mella, un quart d'heure d'antenne supplémentaire avant treize heures, et se mit alors à inventer sur la route du retour, un jeu plus rapide au fonctionnement simple, le candidat devant répondre à six questions et perdait son gain s'il échouait, même à une seule. Un règlement draconien destiné à maintenir le suspense, mais qui posait un problème : que deviendrait l'émission si le candidat perdait dès la première colle ? Qu'à cela ne tienne, on l'appelait le " capitaine " et on lui adjoignait un renfort susceptible de l'aider.  Quant aux questions, elle seraient d'une difficulté croissante sans toutefois atteindre la difficulté de celles du " Quitte ou Double ", plutôt réservée à de érudits spécialistes. On l'appela " Le Jeu des 100000 francs ", puis " Le Jeu des 1000 Francs ". Kubnick rédigeait lui-même les questions au début en les adaptant au niveau culturel du candidat. Il anima également l'émission avant de céder la place à André Chanu, Albert Raisner, Maurice Gardett, Roger Lanzac, Georges Lourier et Pierre Duflos avant qu'un jeune animateur au nom de Lucien jeunesse prit le relais en 1965. Mais cela est déjà une autre histoire nous éloignant du " Circus 58 ". Henri Kubnick fut encore l'inventeur d'autres émissions radiodiffusées, puis télédiffusées. En ce qui me concerne, je me souviens de " Réponse à tout ", diffusée sur la première chaîne de télévision en 1972-1973, et de l'un de ses candidats fétiches et particulièrement érudit, un certain Maurice Rouquette....