" Volants " chez les Rancy
L'une des premières troupes " rancyniennes " à avoir pratiqué le trapèze volant de " bâton à bâton " fut celle des célèbres Hanlon Volta. C'était chez Théodore Rancy :
Vers 1872, les frères Bill et Bob Hanlon, à l'origine barristes à la batoude, se signalèrent à l'admiration des connaisseurs par la perfection de leur voltige de bâton à bâton, Bob allant même jusqu'à devenir, dit on, le plus beau des trapézistes volants, paraissant littéralement " courir dans les airs ". Quand, vers 1880, les Hanlon rencontrèrent d'autres trapézistes, les frères Ted et Taf Volta, ils montèrent ensemble, et sous le nom de Hanlon Volta, un numéro de voltige de trapèze à trapèze, évoluant ainsi entre un trapèze fixe, tenu par l'un de leurs parents, et deux barres fixes aériennes tenues par leurs nouveaux partenaires. Ce numéro devint particulièrement célèbre en son temps. Cette célébrité amena tout naturellement les cinq Hanlon Volta à de produire chez " Rancy ", et même à deux reprises. Ce fut en effet en 1885 et 1890 que Théodore et ses fils leur offrirent leur piste, ou plutôt leur coupole. Succès assuré !
Les Marcès, quant à eux, pratiquèrent donc la discipline du " trapèze au porteur ", et c'est Napoléon Rancy qui les engagea :
La troupe fut éphémère, mais elle marqua l'histoire du trapèze volant, même si cela peut paraître bien lointain aujourd'hui. " Rancy " et " Houcke " à Amiens, en 1924, furentt d'ailleurs l'un des derniers établissements à présenter les Marcès au grand complet, c'est-à-dire à cinq, quatre hommes et une femme, Gaby, qui, plus tard, c'est le cas de le dire, allait voler avec succès de ses propres ailes.
Les membres de la troupe Marcès étaient pour la plupart issus des gymnases des faubourgs parisiens, comme c'était d'ailleurs le cas de nombre de trapézistes volants de l'époque. Ils étaient arrivés à un tel résultat, non sans difficultés, avec opiniâtreté, et en tout cas, grâce à un travail toujours acharné. Voici ce que disait Legrand-Chabrier à leur propos: " Les Marcès nous offrent ce sublime plaisir des passes de trapèze à trapèze, sans porteur, ce qui est le nec-plus-ultra. Leur triple allée et venue avec croisements des deux voltigeurs en plein vol, est une des plus des plus belles choses que l'on puisse voir sous la coupole d'un cirque....". Il est vrai que les Marcès étaient admirables d'aisance dans le mouvement aérien, en les passes classiques, mais avec une expression personnelle et un respect de la ligne corporelle qui méritait d'être signalée, et qui en faisait leur singularité.
Il est classique de citer la présence des Marcès au " Cirque Pinder " ou chez " Médrano ", mais l'on connaît généralement moins leur engagement au " Cirque Napoléon Rancy ". Comme je le mentionnais au début de cet article, c'est peu de temps après celui-ci que la troupe se disloqua progressivement, victime de la pénurie de chapiteaux qui sévissait à l'époque. Ainsi, à quatre, puis à trois, puis deux, on les vit encore durant quelques saisons sous la coupole de quelques établissements français ou européens, et puis, il ne resta finalement plus que Gaby pour effectuer un numéro de trapéziste en solo, celui sans doute que l'histoire du cirque retiendra davantage, et au cours duquel elle se produisait de temps à autre, seins nus, notamment sur certaines scènes de music-hall, telles l'" Alcazar de Paris ". Gaby Marcès se produisit seule au " Cirque Albert Rancy " du Grand-Palais en 1943. Ainsi, le nom étoilé de Marcès mérite de figurer en lettres d'or au sein de la galaxie " rancynienne " ....
Tous les Rancy et apparentés ont, un jour ou l'autre, offert à leur public des prestations de " volants ", comme on les appelle dans le milieu circassien. A l'inverse, tous les numéros de trapèze volant n'ont pas fait les beaux jours des cirques " Rancy ", loin s'en faut. Cependant, on peut considérer que la plupart des plus grands y ont été applaudis, et même parfois à plusieurs reprises. Il y a plusieurs façons de classer ces attractions aériennes de prestige dont la présence à un programme de cirque est toujours un atout supplémentaire, et souvent un gage de succès. Outre la distinction fondamentale entre le " bâton à bâton " et le " trapèze au porteur ", on peut ainsi les classer en fonction des écoles dont elles sont issues et donc du style qui en découle, ou des exercices réalisés (nombre de sauts périlleux, nombre de pirouettes, etc....), ou bien selon le nombre de participants au numéro, ou encore en fonction de la présence ou nom d'éléments féminins, et en quelle proportions. On peut aussi les distinguer selon la hauteur des agrès, et l'existence ou non d'un élément comique. Bref, il y a mille et une façons de le faire. En ce qui nous concerne, pour la semaine qui s'ouvre, j'ai tout simplement choisi d'honorer quelques troupes de " volants " selon l'établissement " rancynien " dans lesquelles elles se sont produites, puisque, comme je le disais pour commencer, tous les Rancy en accueillirent. Nous avons déjà parlé des Hanlon Volta chez Théodore et des Marcès chez son fils Napoléon. Et comme il n'y a que quatre jours à combler, j'évoquerai cette fois les Aéros chez Alphonse, les Aleximes Girls chez " Jean Houcke ", les Flying Steeles chez Tilly et Henry, et, enfin, les Flying Osler chez Sabine, autant de troupes et de noms qu'il ne faut pas confondre avec d'autres, et qui ont chacune leurs particularités. Je délaisserai donc Albert et André qui présentèrent aussi des " volants ", mais ce sera bien évidemment pour une autre fois....