Tous les oiseaux du cirque ne sont pas des pigeons, disais je. Chez les Rancy et les Houcke notamment, on vit ainsi, des plus petits aux plus grands, des perruches comme celles d'Yvette :
Nous sommes en 1951, et donc sous le règne de Tilly et Henry qui dirigent depuis cinq ans déjà le " Cirque Napoléon Rancy ". Sur la piste, durant toute la tournée qui débute traditionnellement à Lyon et se termine tout aussi fidèlement à Rouen, une charmante jeune femme fait évoluer des perruches multicolores qui, outre le fait de rivaliser d'adresse sur de petites bicyclettes évidemment adaptées à leur taille, s'assemblent aussi pour entraîner un carrousel ou pour tirer un petit char romain. La dresseuse s'appellait Yvette dont on aurait pu penser qu'elle descendait des Loyal. S'il existât effectivement une Yvette Loyal, ce n'était pas puisque celle que nous évoquons aujourd'hui était bruxelloise.
Des perroquets aussi, à l'instar de ceux de Robert Abdy en 1884, 1889 et 1895
ou de Clothilde Musto en 1930, ou encore des oies, comme celles de Pinta ou plus récemment de Charley. En matière d'oies, il y eût aussi Miss Bretagne.
Dans quelques numéros, les oiseaux n'étaient pas les seuls animaux, poursuivis je. Il y avait même des combinaisons parfois surprenantes. C'était le cas avec Old Chatterland chez Sabine en 1966, et bien sûr de Krenzola à Rouen en 1970. Il était encore un autre numéro où un perroquet tenait compagnie à un cheval et des chiens. C'était celui de Miss Cashmore.
Tous les oiseaux ne sont pas toujours de vrais oiseaux, continuais je. Leurs chants et leurs cris ont été imités. Les Rancy présentèrent ainsi les Frères Permané, que l'on dit créateurs du numéro dit des " oiseaux siffleurs " que les Kiddels, alias Bocky et Randel, reprirent chez " Sabine Rancy " en 1975, et puis, au cours des années 1930, chez " André Rancy ", on se souvient notamment de Fernando Linder. Le ventriloque Sanz en était encore un autre exemple.
L'homme enfin, devint un jour lui-même oiseau, racontais je pour conclure. Jean Marty ou bien Léopold Verrecke ont en leur temps " volé " sous les coupoles " rancyniennes ". Ce fut aussi le cas de Jean Pessy.
Et puis, enfin, des artistes prirent eux-mêmes des noms d'oiseaux, comme les Albatros avec qui nous allons commencer la semaine, avant de retrouver successivement Ribor, Miss Cashmore, Sanz et Jean Pessy :
Chez " Rancy-Carrington ", en 1980, le couple tchèque Albatros présenta une fort spectaculaire " marche au plafond " dans le cadre de pantomime " Cléopâtréssérieux ", ainsi qu'un numéro de perche portée, dans lequel la force s'alliait à l'équilibre. Ces deux attractions recueillaient toujours un beau succès auprès du public. Dans le numéro de perche notamment, Emil Friedrich et son épouse - c'était le nom de famille de ces deux artistes - défiaient la pesanteur dans des positions les plus stupéfiantes. Madame Albatros réalisait notamment de fragiles équilibres sur un cerceau que soutenait Emil, par un piédestal, sur le front. Quelque peu limités par la hauteur du chapiteau au début de la saison 1980, ils eurent l'occasion d'exprimer tout leur talent lorsque le nouveau chapiteau arriva à la fin de celle-ci, renouvelant leurs exploits deux années plus tard lorsqu'ils firent une nouvelle fois partie du programme du même " Cirque Rancy-Carrington ". A la fin de la saison 1982, on retrouvera les Albatros chez " Albert Rancy " cette fois, à l'occasion de spectacles de galas de fin d'année et puis aussi au " Festival de Créteil-Soleil " organisé par Pierre Guillermo. On les reverra une seconde fois sur la piste de l'établissement dirigé par Claudy Renotte dans le courant de la saison 1984, toujours avec leurs deux attractions, mais ce fut sous le nom d'un autre oiseau qu'ils se produisirent dans leur " marche au plafond ", les Condors. Une dernière précision quant à ces artistes tchèques. Si vous allez au " Cirque Arlette Grüss ", c'est leur fille Julia que vous avez l'occasion d'applaudir durant plusieurs années avec Kévin Grüss dans une remarquable attraction aérienne, Julia Friedrich n'étant autre que la compagne de ce dernier, et l'association sur une même page du programme souvenir du " Cirque Albert Rancy " 1984 de photos des Albatros et des Gilsons était sans doute prémonitoire....