Le joli nom de Pérez, ou Peres, est sans doute apparu pour la dernière fois au " Cirque Rancy " en 1905 après une première participation près de cinquante ans plus tôt. Ce fut en effet en 1857 que Monsieur et Madame Antoine Peres ou encore Peres Jeune investirent pour la première fois la piste de l'établissement dans diverses prestations équestres et acrobatiques. Antoine Peres devait être le fils de Pierre Peres, né en 1814 et aussi le frère de Joseph qui, dans les foires, exploitait le " Théâtre des marionnettes Milanaises ", créa le " cake-walk " au " Nouveau Cirque " et dirigea plus tard le fameux " Théâtre Peres et Chabot " qu'un autre article de la " Mémoire des Rancy " évoqua il y a un certain temps. En 1905, ce furent cette fois les sœurs Peres qui, après
avoir rejoint la tournée à Bourges et honoré deux engagements en 1903 et 1904, présentèrent au " Cirque Rancy ", soit seules (" Valse Tourbillon "), soit en compagnie de leurs frères, un fameux numéro d'équilibres sur échelles immortalisé par les archives de la presse de l'époque et par une affiche restée célèbre.
Voici d'ailleurs une description succincte de ce numéro : trois gracieuses jeunes filles montaient au sommet d'autant d'échelles que personne ne soutenait qu'elles-mêmes par un prodige d'équilibre, et y chantaient en s'accompagnant d'instruments à cordes. Ensuite, deux d'entre elles refaisaient la périlleuse ascension sur ces échelles avec cette fois un homme sur leurs épaules.
La famille Peres, ou Pérez, comme vous voudrez, spécialisée dans les sauts, les acrobaties et autres exercices d'agilité au tapis, connut d'autres engagements chez les Rancy. C'est ainsi qu'en 1891, le programme annonçait les Frères Peres, dont tout laisse à penser qu'il s'agissait des enfants d'Antoine, apparaissaient dans une scène intitulée " le passe-temps acrobatique " ou bien encore dans " les fumeurs excentriques et les clowns virtuoses ". Et puis, il ne faudrait pas passer sous silence Jeanne Pérez qui, toujours chez " Rancy ", à la fin des années 1890 et au début de la décennie suivante, se révéla être une fameuse écuyère dont le panel d'exercices s'étendait du steeple-chase à la haute école. On eût l'occasion de retrouver plus tard Jeanne Pérez à deux reprises chez les Rancy, ainsi que trois fois chez " Jean Houcke " à Amiens, mais ce sera cette fois dans l'ombre puisqu'ayant épousé François Fratellini, le " blanc " du célèbrissime trio, elle suivra son mari en 1915 en Espagne, 1922, 1931 et 1941 dans la capitale picarde, et, enfin, en 1943 au Grand-Palais,