Ils ne donnaient pas l'impression d'être très concentrés. Pas très sérieux. Mais ce n'était qu'une apparence. Les deux Zonigar, un couple de jongleurs comiques, avaient, en réalité, les yeux rivés sur leurs accessoires. Ces artistes, vêtus en écossais, étaient d'une dextérité inégalable. Tout en se trouvant dans de baroques situations, ils ne cessaient de jongler adroitement. Sur la scène ou sur la piste, Monsieur Zonigar, qui avait la lèvre supérieure surmontée d'une moustache de belle taille, avait tout l'air d'un anglo-saxon. A la ville, il offrait l'aspect d'un espagnol qu'il était réellement, à cause de son teint basané et de son accent rocailleux. Madame Zonigar, une solide blonde à la figure allongée, était, quant à elle, une pure parisienne. Dans la vie de tous les jours, elle portait un pantalon, des socquettes, des souliers à semelle de bois, ce qui lui permettait de faire beaucoup de bruit en marchant. Sa coiffure consistait généralement en un turban vert. D'allure très dynamique, les Zonigar menaient une vie errante, entre hôtels et caravane, du fait qu'ils allaient d'une ville à l'autre au gré de leurs engagements. Précisément, un de leurs plus longs engagements fut celui qu'ils obtinrent au " Cirque Amar " avant la guerre de 1939. Ils y glanèrent de gros succès. Plus tard, un autre les mena à Rouen, au cirque " en dur ", en décembre 1942. Cette saison là, la direction avait été confiée à Jean Houcke, et c'est évidemment là que je voulais en venir....
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