Dolly Price n'était pas une cheffe cuisinière. Elle n'était pas davantage originaire de Lyon. Mais, quand on évoque les " Rancy de la gastronomie ", ou plutôt les " Price " voire les " Fratellini de la gastronomie " - on rappellera qu'elle avait épousé Gustave Fratellini - celle qui était la soeur de Mathilde, dite Tilly, et donc la tante de Sabine Rancy, y a toute sa place, car elle était une cuisinière d'exception, ainsi que je le rappelais dans le portrait que je lui avais consacré le 7 novembre 2022 dans la " Mémoire des Rancy " :
Dolly Price (ci-dessus photographiée dans la caravane de Sabine en 1973) était donc la fille de John Price et Louise Renz. Elle avait, avec sa soeur Mathilde, monté un numéro de diabolo qui, sous le nom de soeurs Price (photo ci-dessous), connut un grand succès dans tous les grands cirques et music-halls. C'est ainsi qu'elles furent au programme du " Cirque Albert Rancy " en 1923, année où Mathilde rencontra, dans ce même établissement, Henry Rancy, également au programme. Le numéro prit fin peu de temps après que celui-ci épousé ait Tilly en janvier de l'année suivante. Dolly, qu'une indisposition avait empêchée de travailler durant un temps, remonta alors une prestation de jonglerie au diabolo, un " sporting act ", seule sous le nom de " Miss Dolly, la reine du diabolo ", mais également avec son père, John Price. On la vit sous le chapiteau " Napoléon Rancy " à plusieurs reprises dans les années 1920, mais aussi chez " Bureau " (direction Glassner) en 1948. Dolly Price avait épousé un nom célèbre du cirque, Gustave Fratellini, auguste de son état, fils de Louis Fratellini, de la branche italienne du fameux patronyme, et lui-même frère de Paul, François et Albert. Le couple, qui avait élu domicile à Uccle dans la banlieue de Bruxelles, s'était rencontré en 1927 lors de l'engagement du trio Max, Gustave et Colombo chez " Napoléon Rancy " cette même saison. Malheureusement, Gustave décéda d'une maladie fulgurante en 1949. Il avait monté un furtif " Cirque Gustave Fratellini " en collaboration avec Périé. A partir de ce moment, Dolly Fratellini-Price rejoignit sa soeur Tilly qu'elle ne quittera plus, à Paris, puis à Joinville-le-Pont, entre deux tournées du " Cirque Napoléon Rancy ". Elle était une femme courageuse, dévouée et fort serviable, très affectueuse et d'un grand coeur. " Tante Dolly " se dépensait sans compter pour Tilly et pour sa nièce Sabine, assurant notamment les tâches ménagères quotidiennes. Excellente cuisinière, elle aimait notamment préparer pour ses hôtes l'oeuf à la tripe, le goulasch ou les canellonis . Dolly était une femme méritante à qui la vie n'avait pas beaucoup souri, mais qui avait toujours su surmonter ses ennuis au bénéfice de son entourage qui ne reconnut peut-être pas toujours son juste mérite. Elle avait deux enfants, Mathilde, dite Tilly ou Tihia pour les intimes, qui épousa Emmanuel Quartino, et bien sûr Gilles, dit Kiki, (en réalité Gustave) - Gilles étant le prénom donné par Sabine qui n'appréciait guère celui de Gustave - lequel se maria à Jeanine Müller, une danseuse grenobloise ayant appartenu au ballet de Rozette Raymond....
La recette ci-dessus , tout comme celle publiée hier, étaient parmi d'autres, puisées dans le répertoire de la gastronomie circassienne. Cette expression n'est pas excessive si l'on se réfère à l'article de Dominique Mauclair dans le numéro 213 du " Cirque dans l'Univers " du 2ème trimestre 2004. L'auteur racontait qu'il s'agissait d'une cuisine cosmopolite, d'inspiration souvent italienne, avec des traces de l'influence de celle de l'Europe Centrale. C'était, je le cite, " une cuisine de tournée, que l'on pouvait préparer avant le spectacle, laisser mitonner le temps de la représentation, une cuisine que l'on dégustait entre amis après le final. Dolly Fratellini et Tilly Rancy avaient beaucoup voyagé et leur cuisine sentait le paprika, le safran et l'aneth. Mais la cuisine du Cirque Rancy était également une cuisine de terroir.... ". Je relatais durant la semaine qui s'achève qu'il arrivait que des chefs amis, essentiellement de la région lyonnaise, se déplaçaient régulièrement chez les Rancy, au temps de Tilly et Henry, afin d'y effectuer des recettes régionales, tels l'oeuf à la tripe, la quenelle, le gras double ou encore le paillasson.
Et pour la semaine qui débute, alors ? Eh bien, nous verrons que s'il existe une " gastronomie circassienne ", la cuisine et tout son environnement s'invitaient aussi parfois sur les pistes, et tout particulièrement sur celle des Rancy....