Le numéro intitulé " Le Restaurant Musical " des Frères Bozza est idéal pour faire la jonction entre le thème de la semaine qui s'achève consacré à l'univers de la cuisine au cirque et celui de celle qui s'annonce, à savoir les numéros dits d'" excentricités musicales ". Vous verrez que ce numéro rappelait à bien des égards l'entrée du restaurant telle que nous la connaissons pour l'avoir vue et revue sur maintes pistes alors présentée par des duos, trios et même quatuors clownesques avec un élément supplémentaire, sa note musicale :
Un mélomane anglais, aux désopilantes allures, se présentait dans un restaurant, lequel n'avait pour tout potage à servir à ses clients, que deux immenses tables chargées de plats et d'assiettes vides, les casseroles inoccupées d'un dressoir et un barricot où il y eût jadis du liquide. A force d'appels et de demandes de la part du client, le restaurateur et ses deux gâte-sauces apportaient un poulet et un saucisson dont l'infortuné consommateur ne pouvait tirer le moindre morceau. Après cette introduction, le mélomane se désespérait de pouvoir manger et voulait se consoler par la musique. Mais voilà.... Pas le moindre violon, pas la plus minime contrebasse dans l'établissement. Une soudaine inspiration lui traversait alors l'esprit. Il se rabattait à coups de fourchettes et de couteaux sur les assiettes de l'une des tables et préludait par des gammes et des accords vraiment harmonieux, toute plaisanterie mise de côté. Le restaurateur épaté suivait l'exemple de son client et s'installait à l'autre table. La furia musicale continuait à envahir le personnel du restaurant, et voici le cuisinier qui arrivait avec ses casseroles et faisait sa partie d'alto. restait la contrebasse.... Le marmiton y suppléait avec deux couvercle servant de cymbales et le barricot sur lequel, en véritable tymbalier, il tapait avec le saucisson dont l'anglais n'avait pu obtenir raison. L'orchestre de chambre, ou plutôt de salle à manger, ainsi constitué, le quatuor s'en donnait à coeur joie et faisaient de la bonne et véritable musique. Les sons tirés de l'harmonica improvisé étaient clairs et harmonieux. Il faut reconnaître que pour disposer d'un harmonica de plusieurs octaves aussi juste de tonalité avec des assiettes et des plats, il fallait posséder la fibre musicale. Les quatre " clowns-dilettanti " Bozza se montraient ainsi des artistes consommés dans la façon dont ils exécutaient des morceaux variés qui étaient, en quelque sorte, " le trait d'harmonie entre les deux écoles musicales et mettre enfin d'accord les romantiques et les classiques ". c'est tot au moins ce que la presse pensait de ce numéro.....
Mais, bien entendu, toutes les excentricités musicales n'étaient pas effectuées avec des ustensiles de cuisine, loin de là. D'autres accessoires insolites et, évidemment, de véritables instruments servaient aussi à les réaliser....