C'est encore avec Denise Rancy, Missmoune, que nous allons commencer cet article consacré à " Bobino " puisqu'elle se présenta en personne sur la scène du célèbre music-hall de la rue de la Gaîté en 1953. Elle ne fut toutefois pas ni le seul membre, ni le premier de l'illustre famille à arpenter cette scène mythique puisqu'en octobre 1929 André Rancy y présenta également et brièvement, avant de céder la place au Professeur Danlord, son célèbre chimpanzé Djibo, adepte du trapèze. On rappellera que " Bobino ", créé en 1813, était à son origine implanté à proximité du " Jardin du Luxembourg " et qu'il arborait alors une troupe de saltimbanques dont un clown et prestidigitateur nommé Bobino ( en argot, farfelu). Ce ne sera que bien plus tard que l'établissement déménagera avec le grand projet d'urbanisation d'Haussman et s''implantera alors définitivement rue de la Gaîté. Au début la salle, dirigée par Fernand Strauss, était modeste - 200 places seulement - laquelle proposera essentiellement des guinguettes et café concerts. Il faudra attendre 1912, de nombreux changements de direction et finalement un imprésario du nom de Montpreux pour voir apparaître les premiers chanteurs tout en continuant la programmation de classiques du théâtre. Au fil des ans, de nombreux travaux d'agrandissement, notamment sous la direction du directeur Paul Fournel, seront réalisés et de très grands noms du music-hall se produiront sur la scène de " Bobino ". Fernandel, Serge Reggiani, Yves Montand ou encore Mouloudji y donneront des récitals. Plus tard, une nommée Alcide Castille, à laquelle succédera son fils Teddy, reprendront le flambeau faisant de " Bobino " la première scène de la rive gauche vouée à la chanson à laquelle des attractions de cirque et de music-hall viendront s'ajouter en première partie. En 1958, Bruno Coquatrix et Félix Vitry s'associeront et élargiront encore la programmation, notamment à des humoristes tels Raymond Devos ou Fernand Raynaud. La scène de " Bobino " deviendra aussi sous leur impulsion le tremplin de nouveaux talents. Dalida et Brel y feront leurs preuves. Le duo Coquatrix-Vitry sera remplacé durant deux petites saisons par Pierre Guérin qui mettra à l'affiche Piaf, Brassens ou Juliette Gréco, avant que Félix Vitry ne reprenne la direction, seul cette fois. Nous sommes alors en 1964. Son fils lui succédera durant un an après sa mort en 1971, profitant néanmoins de ce bref passage pour agrandir encore et moderniser la salle qui recevra toujours de grandes vedette du show-bizz comme Barbara, Nougaro, Ferrat, Perret, Sardou, Lama, etc.... Ensuite, en 1972, ce sera au tour de Jean-Claude Dauzonne, l'ancien secrétaire de Vitry, de diriger l'établissement accueillant une riche pléiade de vedettes de la chanson et de l'humour dont les passages seront toujours entrecoupés de " visuels ". Joséphine Baker fêter ses cinquante ans de scène, et toujours Brassens qui en fera sa scène fétiche. Coluche chantera le " Temps des Cerises " tout en jouant sur un minuscule violon. Renaud fera une apparition. Brassens en fera a sa scène fétiche multipliant les engagements et au début des années 1970. Le Luron, Bedos, et à nouveau Pierre Perret qui reviendra fêter ses vingt-cinq ans de chansons. Ensuite, en 1991, après de gros travaux, Philippe Bouvard rachètera la salle qu'il rebaptisera " Studio Bobino " et qu'il dirigera jusqu'en 2006. Divers espaces seront aménagés destinés à accueillir des concerts, du théâtre, des spectacles divers, l'enregistrement d'émissions de télévision (" Les Grosses Têtes "dans leur version télévisée y seront enregistrées). Le music-hall, en revanche, sera le grand oublié, cédant ainsi à l'air du temps. En 2007, le producteur Gérard Louvin succédera à Bouvard, redonnant au lieu un nouveau départ. " Bobino " deviendra ainsi un " cabaret-restaurant lounge " où l'on pouvait dîner tout en assistant à des shows haut en couleurs, tel le show burlesque " La Clique " qui attirera la foule. Depuis l'été 2010, Jean-Marc Dumontet dirige la salle, une direction qui signera aussi un retour à sa vocation initiale, mais toujours malheureusement sans " visuels ". Huit cent cinquante spectateurs peuvent désormais s'y asseoir pour applaudir chanteurs, concerts et spectacles musicaux....
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