Charles Exbrayat écrit un jour un synopsis intitulé " Danger de Mort ". C'était l'histoire d'un pharmacien qui, par distraction, avait mis du cyanure dans une potion pour le rhume, le " sirop Soleil ", et, s'apercevant de son erreur, allait en observer les ravages sur ses clients. La moralité et le " happy end " tenaient dans une satire de l'art pharmaceutique : le père du pauvre pharmacien allait révéler que tous les flacons ne contenaient que des produits anodins dont l'efficacité provenait exclusivement des étiquettes. Gilles Grangier, le réalisateur, et René Wheeler, le scénariste, traitèrent le sujet en 1947 exactement comme un fait divers : dans le style du quotidien. Ils travaillèrent ensemble à toute la préparation du découpage. Devant leur papier, ils s'interrogeaient : " Voyons, j'ai vendu du cyanure à un marchand d'ornements d'église, par exemple, dans un sirop destiné à son petit garçon. qu'est ce que je fais ? Quest ce qui se passe dans cette maison ? ". Ainsi, le pharmacien devenait le centre d'intérêt. Son affreuse erreur était justifiée par le trouble où le jetait la naissance trop attendue d'un fils. Il avait des circonstances atténuantes. Et, au lieu d'aller simplement prévenir les victimes de leur mort prochaine, il se présentait sous quelque prétexte et tentait de récupérer le flacon avant que l'irréparable ne se produise. Il passait une nuit d'angoisse entre ses quatre clients : le marchand de chasubles, la jeune commerçante, l'homme déconsidéré et le nain souffre-douleur d'un cirque. Sans compter avec les jeunes mariés disparus avec la potion. Si l'on ajoute que le rôle du pharmacien Adrien Loiseau était tenu par Fernand Ledoux, on imagine quelle densité a pu, après ses métamorphoses, acquérir le personnage. Albert Rancy prêta son cirque, pour l'occasion installé dans la cour des " Studios de Joinville "et sa cavalerie, mais pas son amazone. Celle-ci, découverte par Grangier, nageait, faisait du ski, de la danse classique et acrobatique, et donc montait à cheval. Elle fut confiée à Rancy qui la fit travailler et apprendre la haute école. Elle paraissait pour la première fois à l'écran. Son nom était Christine Hayrel. Quant au fils du directeur du cirque (Jacques Pasquero), Gilles Grangier l'avait pêché par hasard dans une émission radiophonique intitulée " Le Music-Hall des Jeunes ". A côté de ces jeunes recrues, " Danger de Mort " est interprétée, même pour de petits rôles, par des comédiens chevronnés comme Micheline Francey (Flora, la jeune commerçante), Georges Lannes (Ceccaldi, le directeur du cirque), Piéral (le nain souffre douleur du cirque), François Joux (l'homme déconsidéré), Colette Richard et Jean-Marc Lambert (les jeunes mariés), Mona Dol (la commère), René Blancard (le marchand de chasubles), Maurice Schultz (le beau-père), etc.... Et comme l'exige un film qui s'efforce de s'approcher du réel sans le falsifier, tous les techniciens (l'opérateur Clunie, le décorateur Roger Simon, etc...) ont cherché davantage à servir leur sujet qu'à se servir eux-mêmes ", racontait la critique. Mais, au fait, peut-être avez vous déjà lu la plupart de ces phrases dans la " Mémoire des Rancy ".... Eh oui ! C'était dans un article intitulé " P comme Piéral " et publié le 18 mai 2023. Dans ce blog en effet, comme au cinéma, il peut exister plusieurs versions d'un même sujet....
Articles liés
Cinéma. S comme Sortilèges : pour les Rancy (25 septembre 2024)
Cinéma. O comme Orchestre et Diamants : par, pour, chez et avec les Rancy (23 septembre 2024)
Artiste. U comme Unthan : le nageur sans bras (19 février 2025)
Artistes. D comme Dormondes : des hockeyeurs sur cycles (18 février 2025)
Artistes. D comme De la Cour : l'écuyer " noble " (17 février 2025)
Thème. De sciure, de planches, d'eau et de (fausse) glace (16 février 2025)