Outre cet article sur le gymnaste Eric Koloko, un autre point commun entre la " Mémoire des Rancy " et le grand quotidien nordiste est cet autre article que j'avais, un jour de septembre 2012, consacré au journaliste Marcel Dhénin, déjà évoqué à deux reprises la semaine dernière, et que je publie à nouveau comme promis :
Depuis la création de la " Mémoire des Rancy ", j'ai toujours essayé d'être plus éclectique possible. Après avoir évoqué artistes, numéros, membres du personnel, villes, pays.... en rapport direct avec les Rancy, j'ai aussi rédigé quelques articles sur des personnages ayant eu des liens plus ou moins étroits avec l'illustre famille, soit dans le cadre de circonstances ou d'événements bien précis, soit par le biais de leur profession. Je n'avais à ce jour encore jamais cité le nom de journalistes ayant eu des rapports précis avec des cirques portant le nom de Rancy. J'entends par là de vrais journalistes qui faisaient du cirque une spécialité à part entière, des journalistes aguerris, ayant un oeil critique sur les spectacles qu'ils voyaient, ne s'émerveillant pas devant tel ou tel exercice peut-être impressionnant, mais sans grand intérêt, des journalistes qui ne se laissaient pas abuser par certains circassiens peu scrupuleux qui leur en " mettaient plein la vue ", bref, une race de journalistes aujourd'hui en voie de disparition. C'était le cas du lillois Marcel Dhénin, qui travaillait pour le compte de la " Voix du Nord ", où il était entré comme photograveur en 1956, avant de prendre en charge, en plus de son activité, une rubrique consacrée aux animaux dont il était un amoureux (il fut d'ailleurs le créateur du salon lillois " Animavia " et du zoo d'Englos). Il se fit vite remarquer par ses qualités rédactionnelles et ses réelles connaissances en matière de bêtes et aussi de Cirque, et c'est comme cela qu'il devint rapidement, et pour longtemps, le " Monsieur Cirque " du grand quotidien régional . C'est comme cela également qu'il se lia d'amitié avec nombre de circassiens. Objectif, ne cédant jamais à la flagornerie, fin connaisseur et très bon circophile, s'intéressant aussi à l'histoire du cirque et à l'Histoire tout court, Marcel Dhénin ne se contentait pas de décrire les numéros présentés, mais s'efforçait d'attirer l'attention du lecteur sur les difficultés de ceux-ci, voire les originalités de certaines attractions. Ses articles révélaient notamment l'intérêt qu'il portait aux dresseurs, tous les dresseurs, avec lesquels il aimait s'entretenir de longs moments dans les ménageries afin de mieux percevoir l'instinct et les pensées secrètes des animaux devant lesquels il s'attardait. En permanence au service des gens du voyage, il s'efforça d'apporter son aide aux circassiens honnêtes, les plus humbles comme les plus prestigieux, qui purent toujours compter sur lui. C'était le cas des Rancy !
Voici quelques phrases d'un beau texte de Marcel Dhénin qui date de mars 1977, à propos de la venue du " Cirque Sabine Rancy " à Lille: " Théophile Gautier disait de lui: " C'est le plus beau des spectacles visuels". François Mauriac estimait qu'il "était le dernier refuge de la pureté " ! A ces opinions d'hommes célèbres, nous pourrions ajouter que " le cirque, c'est aussi la fête ". Un mot à la mode, un mot-clé de cette civilisation mécanique qui préfigure, paraît il, une civilisation des loisirs et qu'il serait bon de définir une fois pour toutes. Dans la blonde sciure de l'arène, c'est la fête des hommes et des animaux, la fête de l'effort et du dépassement de soi, offerte en toute simplicité et avec le sourire. Prémices du printemps, les cirques ont repris la route pour "rassurer les sédentaires" et leur offrir, pour un soir, une nouvelle joie de vivre. Première visite, première escale nordiste, Sabine Rancy parcourt la région lilloise et y plante son chapiteau. Fidélité des gens du voyage, glorieuse pérennité du cirque: le 3 septembre 1866, Théodore Rancy, l'un de ses ancêtres, faisait de même et obtenait un grand succès sur le Champ de Mars de Lille, malgré des inondations et une épidémie de.... choléra ! Sans doute, les temps ont changé. A la " construction " de Théodore, s'est substitué un chapiteau ma foi fort confortable. La " mâle fanfare de l'arène " a cédé sa place à une bande sonore et là, ce n'est pas sans regret que les puristes et.. les autres ont vu s'envoler les cuivres et les percussions. Peut être faut-il vivre avec son temps ! Cela étant dit, il n'y a qu'un pas de Théodore à Sabine, et le spectacle présenté en 1977 ne doit rien à celui de 1866...."
Marcel Dhénin nous a quittés trop tôt, à l'âge de 69 ans, des suites d'une crise cardiaque, et nul doute que s'il avait encore été vivant, il aurait certainement apprécié que l'on entretienne la " Mémoire des Rancy " !
Cet article m'avait d'ailleurs valu un message du regretté Pierre Dhénin, son fils, message qui m'avait alors beaucoup touché :
Jean Louis Boutroy a attiré mon attention sur votre blog et en particulier sur l'article que vous avez consacré à mon père. Il se trouve, par le plus grand des hasards, que ... je fêtais hier mes 61 ans. Votre article a été mon plus joli cadeau en une journée, ou, très naturellement, on est plutôt conduit à se pencher sur son passé.
Justesse de ton, précision dans les informations et choix judicieux de citations...
Je vous remercie très sincèrement pour cet article tout à l'honneur d'un homme qui a beaucoup compté dans ma vie. Son portrait est là, à quelques pas de mon ordinateur, et je suis bien sûr qu'à sa manière, il vous remercie même si sa modestie ne s'accommodait pas facilement des hommages.
Croyez en ma reconnaissance sincère.
Cordialement
Et puis, pour en conclure avec cette semaine consacrée au quotidien " La Voix du Nord ", n'oublions pas ce dernier autre article consacré à ce Monsieur :
A notre époque, tous les grands cirques, ou presque, ont leur photographe attitré. Du temps des Rancy, et tout particulièrement de Henry puis de Sabine, ce sont les photographes de presse écrite, essentiellement régionale, qui prenaient les clichés officiels, lesquels étaient ensuite repris dans les différents album-souvenirs.
Dans le Nord-Pas-de-Calais, c'était le cas de Serge Contesse, photographe à la " Voix du Nord ". Né à Revin en 1925 et décédé dans la capitale des Flandres en 2003, cet ancien élève des Beaux-Arts de Lille, entra au sein du grand quotidien régional en 1946 comme grand reporter, avant d'en prendre la direction du service photo. Arrivé à l'âge de la retraite, le photographe se fit peintre et dessinateur, revenant ainsi à ses premières amours. Les personnages caricaturaux, les couleurs vives, les contours anguleux, l'absence de décor, furent les bases mêmes de ses créations artistiques à la " Debuffet ", reproduisant avec humour portraits et scènes de la vie quotidienne. Le Cirque faisait partie, entre autres, de ses sources d'inspiration.
Serge Contesse était, dit-on, un fidèle de longue date des Rancy, s'étant d'ailleurs rendu à plusieurs reprises à Velletri, et ce fut sans doute lui ce fameux ami lillois dont Sabine me parlait si souvent lors de nos conversations téléphoniques. Avec Serge Contesse, voilà un nordiste de plus, fût-il d'adoption, à avoir été un passionné de la famille Rancy, voilà aussi l'occasion d'honorer l'un de ces photographes de qualité qui surent mettre en valeur à leur façon, et chaque fois qu'ils le pouvaient, dans les bons comme dans les mauvais moments, ce nom attachant du cirque qui rassemble chaque jour une poignée de fidèles autour de ce blog....
Bien entendu, " La Voix du Nord " est loin d'être le seul journal régional nordiste à avoir consacré quelques unes de ses pages aux Rancy. De même, Marcel Dhénin ne fut pas le seul journaliste régional à avoir écrit sur ces derniers, tout comme Serge Contesse n'a jamais été l'unique photographe de presse à les avoir immortalisés. En revanche, il n'existe qu'une seule et unique " Mémoire des Rancy " et elle est ici....