Henri Gallici fut donc le directeur du " Music-Hall Gallici-Rancy " et de son " Gallici Cinéma ". Dans le numéro six de la revue " L'Illusionniste ", Sébastien Gazou avait brossé un portrait de Henri Gallici Loramus (1868-1950), portrait repris par Didier Morax sur le site " Artefake " et que j'avais un jour reproduit pour la " Mémoire des Rancy " :
Au sein de l'arbre généalogique des Rancy, il est un nom qui n'est pas directement lié au monde du Cirque, mais plutôt à celui du music-hall et de la la magie. Il s'agit de Gallici.
C'est en épousant Sabine Rancy, écuyère de renom, soeur d'Adèle, Alphonse, Napoléon et Justin, et donc grand-tante de Sabine Larible-Rancy, que le patronyme de Gallici fit son entrée dans l'illustre famille circassienne.
Fils de Pietro Gallici (" Théâtre Pietro Gallici "), lui-même magicien et neveu de Loramus , fondateur du " Théâtre Gallici-Loramus " qui deviendra la " Théâtre Pietro Gallici ", Henri Gallici naquit en 1868 à Dax. Il débuta au théâtre paternel à l'âge de quinze ans, avant de prendre la propre succession de son père. Reprenant le répertoire de ses ancêtres, il le modernisa et ne tarda pas à acquérir une grande adresse et à devenir un artiste de renom, aidé en cela par une grande facilité d'élocution et un esprit très subtil. Travailleur, chercheur infatigable, Henri Gallici a aussi inventé et perfectionné un grand nombre de tours. Marchant avec son époque, il a monté son théâtre en conséquence et il n'est pas exagéré de dire qu'il a su donner à son entreprise la richesse, l'élégance qu'exigeaient les goûts du siècle, tout en lui conservant un mysticisme archaîque. Le " Théâtre- Music-Hall Gallici-Rancy ", nom qu'il prit après son mariage avec Sabine Rancy, parcourut nombre de villes de France où sa venue était toujours attendue avec impatience.
Pour être complet, Il faut signaler que Marie Gallici, soeur d'Henri, épousa, quant à elle, Napoléon Rancy.....
La magie occupait toujours une place prépondérante chez " Gallici-Rancy ", et pratiquement toutes les grandes illusions y ont été présentées. L'une des plus célèbres s'intitulait " Le Miracle de Mahomet " (document ci-dessus).
Une autre, toute aussi célèbre, s'appelait " Amadriades " :
Ah ! Qu'il est joli ce nom d'" Amadriades " qui désignait les grandes illusions qu'Elsa Amadria, surnommée la " belle espagnole ", présente entre autres sur la scène du théâtre forain de Henri Gallici et Sabine Rancy en 1901. Il serait difficile de décrire toutes les " Amadriades ". Aussi, j'en ai choisi une, parmi bien d'autres, reprise plus tard par différents magiciens, intitulée " Escamotage instantané ", et particulièrement intéressante du fait que l'on connait à la fois l'effet que l'illusion produisait, mais aussi l'explication qui s'en suivait.
L'effet était le suivant: une glace d'aspect ordinaire, verticale, munie de quatre pieds élevés, était amenée sur la scène. Un peu au-dessus de la partie inférieure de celle-ci, était fixée une sorte d'étagère sur laquelle l'artiste montait et se tenait au milieu du miroir, face au public. Des ampoules électriques fixées à la glace l'éclairaient vivement. Un paravent à trois faces était alors placé un très court instant devant l'artiste. A vrai dire, à peine dressé devant elle, il était retiré. Le paravent la dissimulant, on pouvait voir la glace au-dessus et au-dessous de la personne, de même qu'à droite et à gauche. Et le miroir était bien isolé au milieu de la scène.
L'explication est très simple, schéma à l'appui: la glace se composait de deux parties, l'une fixe, l'autre mobile. La partie inférieure, carrée ou rectangulaire, était fixe. L'autre partie, mobile, était " découpée " en bas de manière à former un passage rectangulaire à l'artiste, lorsque cette dernière était entièrement dissimulée par le paravent. A ce moment, toute la partie de la glace qui se trouvait au-dessus de la planche horizontale, montait invisiblement, la surface d'un miroir, mobile ou non, paraissant toujours immobile s'il se maintenait dans un cadre, sans jamais en dépasser les limites. Un fronton masquait la partie supérieure de la glace qui avait déjà dépassé le cadre. A droite et à gauche, se trouvaient deux panneaux légers, tendus de mousseline ou soie artistement chiffonnées. Ils ne servaient qu'à mieux dissimuler l'aide faisant fonctionner la partie mobile de la glace, c'est-à-dire presque toute la glace, et l'artiste destinée à disparaître le plus rapidement possible. Derrière la mystérieuse glace, une plate-forme était établie sur laquelle se tenait l'aide en question.
Voilà donc pour l'" escamotage instantané ", une " amadriade " parmi d'autres, un très joli tour en tout cas que l'on ne voit plus guère aujourd'hui. C'est la raison pour laquelle je me permets d'en dévoiler le secret, un secret qui n'est d'ailleurs que de polichinelle puisque l' " Almanach Illustré du Petit Parisien " en révélait déjà toutes les ficelles dans son édition du dimanche 16 mars 1930....
Et puis, il n'y avait pas que Henri Gallici à présenter des numéros d'illusions dans son propre établissement. De même, Il n'y avait pas qu'au " Salon-Théâtre " portant son nom, associé à celui de Rancy, que des magiciens se produisirent. Nous en aurons la preuve durant la semaine qui s'ouvre....