Malgré son nom on ne peut plus anglais, sa prononciation et surtout la nature de ses plaisanteries trahissaient en lui un compatriote. Eh oui, James Harley était bel et bien français et il était ventriloque, un ventriloque très fort, surtout fort comique et, chose fort appréciable, dont on pouvait goûter les bons mots. Alors, évidemment, les ventriloques du 19ème siècle n'étaient pas ceux d'aujourd'hui. Leurs personnages étaient plus grands, ressemblant davantage à des marionnettes, des " fantoches " comme l'on disait alors. Les répliques étaient adaptées à l'époque, faisant peut-être un peu moins référence à l'actualité, mais il existait déjà un véritable dialogue entre les différents protagonistes du numéro. Concernant celui qui nous intéresse aujourd'hui et qui fit donc les beaux soirs du " Salon-Théâtre Gallici-Loramus " en 1896 et que l'on appelait plutôt Monsieur James, son numéro se présentait à peu près comme ceci : au lever du rideau, puisque je vous rappelle que nous étions au music-hall, trois personnages étaient déjà présents sur la scène. Un premier de couleur. Le second était un Pierrot et le troisième, une vieille femme. James faisait alors son entrée, se présentait au public en des termes aussi sobres que convenables, et se plaçait derrière les trois " fantoches ". La séance pouvait commencer avec le Pierrot. Oh ! Evidemment, tout ceci ne serait pas d'un esprit bien supérieur si l'habileté avec laquelle les mannequins étaient maniés, n'était pas véritablement merveilleuse. Non seulement, le mouvement des lèvres s'opérait avec un naturel parfait, mais toutes les réponses sortaient de la bouche du bonhomme sans qu'on voit remuer celles du ventriloque, et il en était de même pour les deux autres personnages. Au milieu du théâtre, se trouvait une caisse : on entendait alors la voix d'un bonhomme enfermé dans celle-ci, arrivant bien entendu étouffée à l'oreille du spectateur. Le couvercle se levait et on voyait apparaître le prisonnier dont l'organe puissant contrastait habilement avec la voix sourde que l'on avait d'abord entendue. Harley faisait encore chanter la " tyrolienne " à ses sujets avant de passer à un très amusant dialogue entre la vieille dame et le Pierrot de sorte qu'on entende parler distinctement et séparément les trois protagonistes. Voilà un aperçu du numéro de James, l'un des plus célèbres ventriloques de la fin du 19ème siècle et du début du suivant, un numéro dont les dialogues nous paraîtraient sans doute bien démodés aujourd'hui, les dialogues, mais sans doute pas la manipulation des personnages....
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