Andrée Jan, de son vrai nom Andrée Broyer, fut trapéziste professionnelle de 1947 à 1974, et la première à avoir évoluée sous un hélicoptère. Elle fut l’élève du célèbre Edmond Rainat, un as du trapèze volant, créateur le double saut périlleux de trapèze à trapèze.
A l’âge de 10 ans, habitant Lyon, ses parents l’emmenèrent voir « Faust ». Elle fut bouleversée et voulut alors devenir danseuse, mais sa mère l’en dissuada, préférant lui faire faire du piano pour lequel elle avait des dispositions. Elle pourrait toujours être professeur de piano, pensait sa mère.
Trois ans plus tard, un cirque s’installa sur une place de la cité des Gaules. Andrée alla voir le directeur pour qu’il l’embauche car, disait elle, elle souhaitait faire partie des gens du voyage. Mais il fallait l’autorisation des parents, qui, bien sûr, refusèrent.
Un jour, elle découvrit la trapéziste Myreillys à l’" Alhambra ", un célèbre music-hall situé rue de Malte à Paris.
« Cette fois, ma vocation était précise: je savais que je danserai dans les airs » dira t elle plus tard.
Grâce à son talent, et à sa spécialité, le grand ballant, suspendue par les talons nus sans aucune sécurité à la barre du trapèze, elle signera son premier contrat en avril 1947 au " Cirque d'Hiver ". Une spécialité qui a ses risques : le 22 mai 1949, en Suède, lors d'une rattrape au grand ballant, c'est la chute de douze mètres dans le vide, entraînant de multiples fractures, onze au bassi etune au viveau de la colonne cervicale. Elles l'immobiliseront six mois. Mais, Andrée Jan était encore en vie, ce qui constituait un miracle. Plus tard, on lui demandera : " N’avez-vous jamais eu peur? », une question a laquelle elle répondit ainsi: " Celui qui n’a jamais eu peur n’a jamais eu de courage…. ".
En octobre 1950, au " Cirque Médrano " de Montmartre, le succès fut au rendez-vous pour Andrée Jan.
Mais, même si elle obtint la reconnaissance du public, c’est dans un autre registre parallèle qu’elle va se faire connaître. Un soir de mai 1951, le clown Rhum qui officiait également chez " Médrano ", proposa à Andrée de travailler pour les marques des laines " Pingouin " et les chaussettes " Stemm ". Le projet publicitaire n’était pas sans risque, car il devait se dérouler en plein ciel, sous un hélicoptère !
Un mois plus tard, elle rencontra, à cet effet, le pilote Gérard Henry, sur le terrain d’Issy-les-Moulineaux, un grand gaillard qui l’invita à faire un vol dans sa " libellule ". Après le vol, il demanda à Andrée: " Cela vous plaît ? " Et elle répondit: " Cela m’enchante! ". " Quand vous serez dessous, ce sera peut-être une autre affaire…. ". Après l’atterrissage, Rhum accrocha deux courts câbles d’acier reliant le bâton de trapèze à deux crochets soudés sous l’appareil. Puis Andrée Jan passa " sous le ventre de la bête géante et s’assit sur le bâton. Et voici maintenant qu’elle s’élève ou plutôt qu’elle est élevée. Sous le chapiteau, elle était maîtresse de sa destinée. Ici, c’est le pilote qui commandait. Et, ce fut à vingt mètres du sol que la ballerine du ciel commença son numéro avec un certain mépris du vide. C’est après ces essais que sa première exhibition sous hélicoptère fut réalisée au " Polo de Bagatelle " à Paris le 6 juin 1951 avec le pilote Gérard Henry et son " Hiller 360 ".
Durant deux années, en 1951 et 1952, la proposition de Rhum se concrétisa pour les chaussettes " Stemm " , les laines " Pingouin ", et aussi pour " Le Figaro " ces deux mêmes années ou bien encore sur les plages de France, pour des concours, des animations ou à la demande de syndicats d’initiative.
Elle effectuera son fantastique show plus de mille deux cent fois durant les périodes estivales devant les nombreux baigneurs profitant de leurs vacances, tous abasourdis par l’exploit. Car Andrée Jan évoluait sans longe ni filet, sans attache de sécurité, se retenant simplement par les chevilles, et donc tout cela sous un hélicoptère. La Presse la surnomma " Miss Risque ".
Parfois, en plein hiver, par grand froid, elle fera le même show pour les arrivées du Père Noël. André Jan exercera également sa carrière à l’international en Belgique, en Suisse, en Suède, en Angleterre, en Irlande etc.... pour des foires, des kermesses, des meetings aériens, des fêtes nocturnes.
En 1955, on la retrouvera sous un hélicoptère au-dessus de la cathédrale de Bordeaux avec Charles Pillot. En août 1956, ce sera au-dessus du lac de Genève, à l’occasion des fêtes de la ville, puis durant l'hiver1958-1959, pour la tournée du " Cirque Français " en Russie (Léningrad et Moscou) dans un spectacle dont Sabine Rany et Dany Renz faisaient également partie, puis durant quarante cinq jours en Chine, à Pékin, Canton, Shanghai et Tienen.
En avril 1968, ce sera la Nouvelle-Zélande à Auckland, et en juillet 1969, on la voit en exhibition en Zambie (Ndola et Lusaka).
En juillet 1972, elle fut invitée pour l’émission "The Internationale Surprise Show " au Japon, avec un tournage en montagne ayant pour décor le Mont Fuji.
Enfin en avril 1974, ce sera au tour de la Rhodésie du Sud (aujourd'hui, le Zimbabwe).
A " Batterseca Park " à Londres, elle évoluera durant plusieurs semaines avec des exhibitions au-dessus de la Tamise. La presse britannique la surnommera alors " The Helicoptere Girl ".
On découvrit encore André Jan au " Festival des Jardins à Londres " (" London’s Festival Gardens ") en haut d’une pylône de quarante pieds (douze mètres). Elle avait rendez-vous avec un hélicoptère….(vidéo ci-dessous).
En juin 1951, la célèbre " Vénus de l'air " Rose Gold installa son portique au second étage de la Tour Eiffel et, à 118 mètres de haut, présenta un hallucinant numéro qui fut filmé par les "Actualités " de l'époque. Un an plus tard, le deux juillet 1952, ce fut au tour d'Andrée Jan d'effectuer le même exploit en accrochant son trapèze entre le deuxième et le troisième étage du célèbre édifice parisien et ce, à l'occasion d'un salon franco-britannique "Star in the Sky " avec le danseur Serge Lifar et le chanteur Jean Sablon.
Un livre qu’elle aura écrit et dont elle aura également réalisé les dessins, car elle a aussi du talent pour dessiner. A la fin de sa vie, elle réalisera de nombreuses peintures.
« Entre Ciel et Terre » – textes et dessins d’Andrée Jan. Préfaces de Marcel Doret (1896-1955) et d’Adrian (1919-2013). Editions Copillet. 1953.
En 1955, c'est à Bordeaux qu'elle se fit remarquer. Peu auparavant, l'archevêque de la ville, Paul-Marie Richaud, tenta de requérir, sans succès, l'aide d'ouvriers, puis d'alpinistes pour retirer un drapeau de corsaire au sommet de l'une des deux flèches de la cathédrale à 83 mètres du sol, la flèche mesurant elle-même 40 mètres. Ce fut un journaliste qui, ayant repéré Andrée Jan au " Cirque Pourtier ", de passage dans la ville, qui eût l'idée de faire appel à la trapéziste. Son exploit fut pris par un photographe (document ci-dessous), lequel était juché sur l'autre flèche du monument grâce à un échafaudage encore monté pour des réparations.
J'évoquais le cirque " Pourtier ". Il y eût aussi " Rancy ".... Elle se produisit à trois reprises chez " Napoléon Rancy ". En 1955, tout d'abord, puis en 1960 et, enfin, en 1965 à Amiens.
En octobre 1974, Andrée Jan décida d’arrêter sa carrière professionnelle et devint professeur de trapèze à l’" Ecole Nationale du Cirque " à la demande d’Annie Fratellini. La presse, la télévision, les actualités télévisées et cinématographiques ont célébré les exploits d’Andrée Jan dans le monde entier.
Le reporter sablais ne pouvait pas être en reste et a profité de la récente découverte d’un petit film sur ses exploits à St-Gilles-Croix de Vie afin de lui rendre un hommage mérité pour chacune de ces minutes, de ces secondes passées dans le ciel et qui furent, en raison des risques pris, un véritable défi à la vie!
En 1953, Andrée Jan racontera ses souvenirs dans un livre intitulé " Entre Ciel et Terre ", un livre qu’elle aura écrit et dont elle aura d'ailleurs également réalisé les dessins, car elle avait aussi du talent pour dessiner. A la fin de sa vie, elle réalisera d'ailleurs de nombreuses peintures.
(« Entre Ciel et Terre » – textes et dessins d’Andrée Jan. Préfaces de Marcel Doret (1896-1955) et d’Adrian (1919-2013). Editions Copillet. 1953.)