L'un des plus grands journalistes " culture " de la " Voix du Nord " fut indiscutablement Marcel Dhénin. Je vais l'évoquer plus spécifiquement demain en publiant à nouveau un article archivé du 12 septembre 2012. Voici, en attendant, deux articles qu'il écrivit à propos des Rancy. Le premier date de 1966 et le second de 1977 :
J'évoquerai plutôt aujourd'hui quatre autres journalistes " maison " qui ont laissé une certaine empreinte, non seulement pour leurs articles écrits dans le quotidien nordiste, mais également pour leur carrière en général : Robert Lefebvre, Geneviève Dermech et Jean-Marie Pas.
Robert Lefebvre
Lui aussi a déjà fait l'objet d'un article de ce blog :
Si vous avez déjà visité Lille, vous avez peut-être vu cette place pavée du " Vieux-Lille ", située à deux pas de la cathédrale Notre-Dame de la Treille, appelée " Place aux Oignons " et là, vous avez certainement aperçu au 2, rue des Vieux Murs un bistrot intitulé " Les Vieux de la Vieille ". Et avant les " Vieux de la Vieille ", vous avez pu connaître la " Maison du Terroir ". Peut-être même y êtes-vous entré, comme je le fis moi-même un jour de décembre 1997, et avez-vous rencontré Nellie Laurence et son époux Robert Lefebvre, ses tenanciers. A la " Maison du Terroir ", ceux-ci développeront de nombreux articles " ch'ti " et monteront plusieurs expositions comme celle consacrée à Alexandre Desrousseaux, l'auteur du " P'tit Quinquin ", aux travers de dessins de Roland Cuvelier. La conversation s'engageait vite avec Robert Lefebvre pour le peu que l'on montrait un certain intéressement à l'histoire du Nord-Pas-de-Calais, ce qui est mon cas comme vous l'avez sans doute remarqué, et aussi aux médias et tout particulièrement à la radio, ce qui est encore mon cas. Et là, l'homme déroulait sa vie.
Né en 1921, élève brillant, Robert Lefebvre devint très vite comédien amateur grâce à son père lui-même comédien, et journaliste, avant d'entrer au conservatoire d'art dramatique. En 1944, engagé volontaire dans l'armée française, il participe à la libération de Paris puis entre au Ministère du Travail. Débutant comme reporter en locale à la " Voix du Nord " en 1946, il deviendra ensuite responsable adjoint des informations de la nuit et créera en 1959 le premier service de relations publiques avec la presse. Parallèlement au journalisme, il animera en temps que producteur des émissions de radio. Comédien, il apparaîtra dans un " Maigret " et dans " Maria Vandamme ". Robert sera toujours passionné de patois et aux gens qui lui disaient: " le patois, c'est vulgaire ", il leur répondait: " non, cest pas le ptois quiest vulgaire, c'est ce sont les gens qui l'emploient ". A la télévision, il présentera des émissions où s'exprimeront des patoisants du Nord et du Pas-de-Calais et assurera la promotion de nombreux événements comme la " revue patoisante " de Boulogne-sur-Mer avec Ch'Guss et Jean Jarett. Avec son ami Olivier Montels, il accueillera Renaud à l'Hospice Comtesse lors de la sortie de son CD " Renaud cante el'Nord ". Il créera l'émission " Le p'tit café du samedi " animée par sa fille Isabelle qui réunissait de nombreux patoisants de tous bords.
Et puis, Robert Lefebvre, c'est aussi les " Capenoules ", autrement dit la " bande à Raoul ", sous entendu Raoul de Godewaervelde, alias Francis Delbarre, personnage emblématique du Nord de la France à la voix rocailleuse et grave et qui fut photographe de métier. Pierre et Claude Célie, Biloute, Mimi Ducherloque, Jean-Claude Darnal, Roger Frézin furent quelques autres membres de ce groupe fondé en 1966 par Jack Defer, un musicien armentièrois, un groupe destiné à interpréter des chansons patoisantes, paillardes et grivoises, dont la plus connue reste sans doute " Quand la mer monte " écrite par Jean-Claude Darnal et popularisée à la radio, notamment sur Europe n° 1, par Maurice Biraud.
Alors, allez-vous me dire, comment Robert Lefebvre peut-il trouver sa place dans la " Mémoire des Rancy " ? Eh bien, c'est pourtant très simple. Dès 1976, avec Pierre Dubois, il fut le conseiller artistique du " Cirque Carrington " pour sa première tournée française. Il faut dire que son épouse Nellie était cette saison là la marraine de la tournée d'été, mais cela, nous le savions déjà....
Geneviève Dermech
Née le 24 janvier 1923 à Limoges, cette journaliste, fille et petite-fille de directrice et directeur d'école, a gardé pour sa région d'origine une nostalgie que n'efface pas le plaisir qu'elle eût de vivre dans le Nord. Geneviève Dermech quitta Lyon en 1942 le lendemain de la dissolution par le régime de Vichy du mouvement " Jeune France " auquel elle était associée. Attachée à la direction de la jeunesse auprès du gouvernement tunisien, elle découvre le micro avec des émissions pour les femmes et les enfants. A " Tunis Soir ", elle entre pour la première fois dans une salle de rédaction tout en collaborant à l'école des cadres de Bil-el-Bey. Chassée de Tunisie par l'arrivée des allemands, elle revint en France dans des conditions difficiles. En 1943, elle accepta la difficile mission d'agent de liaison entre le maquis des Hautes Alpes où se trouvait son mari réfractaire au " S.T.O. " et celui d'Oradour-sur-Vayres en Limousin. Dans sa maison de Limoges, elle n'hésite pas à dissimuler des Juifs traqués et, en 1945, n'hésite pas à déclarer sa flamme à " Radio Limoges libre ". La culture sous toutes ses facettes la fascine. Elle s'y voua déjà lors de son bref passage comme journaliste pigiste à Paris. C'est ainsi qu'en 1946, elle devint secrétaire générale du premier " Centre Dramatique du Nord ". Un an plus tard, le journalisme lui manquant, Geneviève Dermech oeuvra au magazine " Nord France " et à " Nord Eclair " qu'elle quitta pour " Une Semaine en Nord ", et puis, enfin, pour " La Voix du Nord ". Les associations féminines régionales lui doivent une large promotion. Grand reporter dans le quotidien nordiste, elle fut notamment responsable de la chronique " Madame M ", d'" Aujourd'hui, au féminin " et de tout ce qui concerne la femme, ce qui ne l'empêcha pas d'écrire des articles culturels comme celui, publié ci-dessous, sur le " Cirque Napoléon Rancy " datant de 1960. Adhérente au " S.N.J. " dès 1946, elle deviendra la présidente fondatrice de l'association " Les Héritières de Séverine " regroupant depuis 1963 les femmes journalistes de la région. Durant de nombreuses années aussi, elle présentera de nombreuses émissions à " Radio-Lille " tout en ne dédaignant pas la télévision et les locaux de " La Voix du Nord ". Quarante ans de combat por la cause féministe lui vaudront de recevoir la Légion d'Honneur en 1986. Geneviève Dermech est décédée le 6 mai 2001....
Jean-Marc Pas