Vous aurez remarqué, au cours de ces dernières semaines, que tous les continents ont été évoqués, sauf un : l'Océanie. Ce qui pourrait être considéré comme un oubli, mais qui, en réalité, est plutôt un concours de circonstances, est aujourd'hui réparé. Océanie, dans la " Mémoire des Rancy ", fait penser tout d'abord à Océana, mais il manque un " i " :
S'appelait elle encore Gutteridge Spratte ou portait elle déjà le nom de Renz ou quand elle se produisit chez Théodore Rancy en 1875 ? Incontestablement oui, puisque Océana avait épousé en 1873 Ernst Johann Gottlieb Renz, fils du " vieux Renz ", le créateur du " Zirkus Renz " en 1843.
Etait elle aussi belle qu'on la décrivait alors ? Sans doute aussi, tout au moins si l'on se réfère aux canons de la beauté de l'époque.
Chez " Rancy ", comme sur toutes les pistes et scènes où elle passa, Océana Renz excellait dans une prestation de fil de ferrisme dont elle fut une pionnière. Avec une ombrelle en guise de balancier, elle multipliait sauts, équilibres et suspensions sur son câble, au rythme langoureux d'une valse viennoise.
Plus tard, comme pratiquement tous les Renz, elle deviendra écuyère, montant en amazone et devenant célèbre grâce à la posture de " Mazeppa nu ". Vit on Océana à cheval chez les Rancy ? Il semble que non, même si je sais qu'outre 1874, il y eût une seconde parution sur leur piste de celle qui fut aussi l'égérie de Barbey d'Aurevilly....
Ou bien aussi à Victoria, état du Canada, mais aussi capitale des Iles des Seychelles, un nom qui a eu son pendant aux cirques " Rancy ", et même par par trois fois. Les premiers Victoria, si l'on peut dire, furent une troupe renommée de cyclistes qui effectuaient leur numéro tout en formant un " jazzband ". On les vit par deux fois chez Alphonse Rancy en 1921 et en 1923. Les seconds artistes à porter ce nom, lesquels n'avaient rien à voir avec les précédents, formaient, bien entendu, un remarquable trio d'" art et force " que Sabine programma en 1977.
Et puis, il y eût encore Miss Victoria Alexime, l'épouse du créateur du fameux numéro de trapèze volant des Aleximes qui, après avoir participé au numéro en question, monta sa propre troupe exclusivement féminine, celle des Aleximes Girls. Dans l'histoire du cirque, on trouve également une autre aérienne répondant au nom de Miss Victoria.
Et puis, Océanie, mais aussi Victoria font encore penser à l'Australie :
L'Australie, dont le nom, dans sa déclinaison anglo-saxonne, était au cirque celui d'un couple de gymnastes aériens :
Gymnastes, ils l'étaient comme tous les acrobates de cirque. On les rencontrait d'ailleurs plutôt dans les airs.
Aériens, ils évoluaient au trapèze, et même au double trapèze, sous la coupole de nombreux chapiteaux. On les disait même particulièrement agiles et rapides dans leurs exercices.
Agiles et rapides, ils étaient d'ailleurs les plus agiles et les plus rapides du moment lorsqu'ils se produisirent sous celle d'Alphonse Rancy en 1921, puis celle de Napoléon à deux reprises, en 1925 et en 1930. On comparait alors leurs sauts à ceux de kangourous australiens.
Australiens, ce couple ne l'était pourtant pas vraiment, ce qui ne les empêcha pas de s'appeler Australia. On en comprend maintenant un peu mieux la raison....
Et voilà ! La boucle est bouclée. Avec l'ajout de l'Océanie, les cinq continents sont cette fois bien au complet. Il en sera d'ailleurs encore question durant la semaine qui s'annonce....