Je croyais tout savoir, ou presque, sur les taureaux qu'Alphonse Rancy acheta au début des années 1920, leur nom, Néron et Pluton, celui de leurs dresseurs, Barenco, Manzano, et puis aussi André Rancy en personne, jusqu'au jour où en retrouvant un ancien numéro de la regrettée revue " Scènes et Pistes ", je découvrais un certain Harold qui, entre 1922 et 1929, présenta les fameuses bêtes, ou plutôt accompagna les différents dresseurs dans leur prestation. Il faut ici rappeler que les taureaux qui marchaient sur les genoux, caracolaient, sautaient des haies, bref qui étaient presque aussi dociles que les chevaux de la cavalerie maison, en prenaient parfois à leurs aises, et qu'il fallait donc être attentif à tout instant. Aussi, la présence de deux personnes en piste n'était point de trop, d'autant que les animaux se laissaient chevaucher par celles-ci. Harold rejoignait ainsi le cercle très restreint des dresseurs de taureaux au cirque, cercle comprenant outre les noms précités, quelques autres artistes. Chez " Rancy ", on se souvient de Don Augusto de Gomez et de Francisco " Ursus ", qui luttait avec un taureau. Et puis, dans d'autres établissements, il y eût à la Belle Epoque, Janos Huryadi ( le hollandais Jan Koopmans) qui donna ses lettres de noblesse à cette attraction insolite, Berndersen, applaudi avant-guerre chez " Sarrasani " en Allemagne avec une seule bête qu'il chevauchait, puis sur la tête de laquelle il jouait du violon. Signalons encore Nelly Nelky vue au début du siècle, Feijo apprécié chez " Juliano " en 1906 et qui inspira un croquis au célèbre peintre animalier Gustave Soury (voir l'illustration ci-dessus), et plus récemment, Manuel Rueda au " Cirque d'Hiver " faisant évoluer dans la cage-arène trois taureaux, nommés Galleto, Bombita et Machaquito, et puis bien entendu Alexis Gruss qui, durant la saison 1986-1987, au cours du spectacle intitulé " De Lautrec à Picasso ", présenta les " taureaux sacrés ".
Comme ce dernier, et évidemment comme André Rancy, Harold fut aussi un excellent écuyer, menant des chevaux en liberté sous le nom de Monsieur Ernest, assurant des prestations de haute école, se mêlant au numéro dit du " Relais de Longjumeau ", participant au " triple tandem ", et puis s'initiant même à la voltige équestre sous la conduite d'un certain Angélo.
Comme on le voit, à défaut d'être un incontournable, Harold, qui était allemand, fut incontestablement l'un des piliers du " Cirque Rancy " au cours de la décennie 1920-1930, de quoi en tout cas s'offrir une place de choix au sein de la " Mémoire des Rancy....
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