Le 28 mai 1915, soit il y a tout juste cent six ans ans, naissait Gilbert Houcke. C'était à Grenoble, ville où le " Cirque Rancy " faisait étape. Descendant des prestigieuses familles des Rancy et des Bidel, il était donc un véritable enfant de la balle. Les chevaux, les exotiques, les éléphants, la voltige.... bref, toutes les disciplines fondamentales de la piste, ce maître les a pratiquées, à fond, mettant au point, avant de devenir pour toujours l'ami des tigres, quelques grands numéros classiques comme " La Poste " ou la " Course de Chars Romains ". En effet, ce n'est que plus tard, alors que son père dirigeait le cirque de Copenhague, que Gilbert Houcke prit le chemin des cages. Pour uider ses premiers pas, un grand maître, alfred Court, célèbre pour sa " Paix dans la Jungle ", une entrée de cage mixte qui mettait en présence plusieurs races différentes les unes des autres, allant de l'ours blanc u chien danois, en passant par les grands félidés. Comme le maître, le futur grand dresseur adoptait à jamais le dressage en douceur, faisant une croix sur les présentations en férocité, derniers vestiges des ménageries foraines. Belluaire sans fouet, grand observateur, cette montagne d'amour et de patience qu'était Gilbert Houcke, cherchait toujours à cultiver les qualités intrinsèques de ses acteurs à quatre pattes. Trois groupes de tigres étaient nés de cette méthode. Trois groupes qui ont rendu Gilbert Houcke célèbre. En effet, ce prince des dresseurs, qui présentait au début ses fauves déguisé en Tarzan, et plus tard habillé d'une chemise blanche et d'une veste de cuir noir, ce belluaire qui lisait Saint-Simon et se passionnait pour les Arts Plastiques, avait tourné sous tous les grands chapiteaux, de " Krone " à " Barlay ", en passant par " Bouglione ", " Knie ", " Médrano ", " Boswell-Wilkie ", et bien sûr " Jean Richard " et " Pinder-Jean Richard ". Il quitta définitivement la piste en 1973 pour vouer sa vie aux fauves du " Parc de Saint-Vrain ", avant d'être la victime d'une attaque cardiaque qui le laissa à demi paralysé. Il mourut en décembre 1985 à l'âge de 66 ans.
Frédéric Bolmann, ancien Président des amis du cirque suisse et grand connaisseur du cirque, consacra un livre au dresseur, un ouvrage sorti de presse en décembre 1985 et que Gilbert Houcke eût tout juste le temps de parcourir quelques jours avant son décès, un ouvrage trilingue (français, anglais, allemand), long cheminement iconographique, entrecoupé de nombreux témoignages, articles, coupures de presse, et de documents, tels que affiches, extraits de programmes, et même partitions de musique des numéros.
Gilbert Houcke restera dans l'histoire du cirque comme un immense dresseur qui aura su façonner une image à la cage centrale et au cirque en général, une image dans laquelle les qualités professionnelles, morales, sensibles et culturelles faisaient ménage commun. En ce qui me concerne, je me souviens avoir rencontré l'artiste en mai 1970 au " Cirque Jean Richard " et je puis témoigner en disant combien tous les commentaires élogieux que l'on fait en général sur lui ne sont pas usurpés, et je n'ai qu'un seul regret, qu'il n'ait jamais pu présenter ses tigres dans un cirque portant le nom de " Rancy "....
Articles liés
Portrait. P comme Portrait : Jean Richard
Portrait. P comme Portrait : Dany Renz (17 juin 2018)
Portrait. P comme Portrait (3) : Achille Zavatta (7 mai 2015)
Artiste. N comme Nino : un Vassallo au trapèze Washington (7 février 2011)
Artiste. H comme Holt : le jongleur " aérien " (10 février 2025)
Thème. Entre terre et ciel (9 février 2025)