Comment le fils d'un marchand de chevaux a-t'il pu devenir l'un des personnages incontournables du cirque français ? Ce portrait de Jean Richard raconte l'ascension fulgurante de cet homme dans son milieu préféré, une ascension à laquelle les Rancy ne sont pas d'ailleurs tout à fait étrangers.
Jean Richard était né à Bessines dans les Deux-Sèvres. Il débute comme dessinateur, fournissant des caricatures aux journaux régionaux. A Lyon, durant l'Occupation, il commence à raconter des histoires paysannes et crée peu à peu son personnage. A la Libération, il s'associe à Roger-Pierre et Jean-Marc Thibault pour monter des spectacles de cabaret d'un genre burlesque nouveau. il est acteur aussi, et interprète " Jean de la Lune " et du " Sire de Vergy ". Puis, on le voit apparaître dans des revues. Il recueille un de ses premiers triomphes dans " Patatras " où il joue le rôle d'un navigateur solitaire. Il pêche ainsi, sur la scène de l'" Amiral ", un cabaret au nom prédestiné, des sardines à l'huile ou de vieilles chaussures laissées par le Capitaine Carlsen. Il téléphone aussi, sur le bord de son canot, en disant: " Bombard, Alain comme Gerbault, docteur comme Schweitzer ". Des petites scènes, il passe aux grandes. On l'applaudit à l'" Olympia ". Le cinéma lui vaut des rôles dont celui, imprévu, de Chéri-Bibi. Il invente enfin le " comique à suspense ". Son classique monologue se transforme en un singulier dialogue: son partenaire n'est pas un banal " faire-valoir " en veston, mais la lionne Saïda, en crocs et en griffes, une des pensionnaires les plus redoutables de la réserve d'André Rancy. Jean Richard se découvre alors une passion de zoologiste en achetant une propriété à Ermenonville. Dans son parc, un guépard, cinq renards et un ours vivent en liberté. Des sciences naturelles, il n'y a qu'un pas à faire pour en venir au dressage. Il prend alors des leçons auprès d'une dame imposante, Sarah Caryth, l'épouse d'André Rancy. Après quelques jours d'entraînement, sous la protection d'une fourche, il conquiert la lionne et imagine le sketch le plus inattendu: les réactions d'un français moyen face-à-fauve avec un grand fauve. Quelques semaines plus tard, il possède son propre cirque. La suite, on la connaît.... La fondation d'un véritable empire du cirque, son déclin tout aussi fulgurant que son ascension, une fin programmée au début des années 1980, et un grand vide après celle-ci. Comme l'on aurait aimé en effet voir Jean Richard poursuivre son aventure circassienne, mais, sans doute affaibli par ce fâcheux accident de la route de 1973, peut-être pas toujours très bien entouré, et touché lui aussi par ce que l'on appelait alors la " crise du cirque ", le sort en a décidé autrement, comme ce fut d'ailleurs également le cas pour " Rancy " sensiblement à la même époque d'ailleurs. J'aurai l'occasion dans bien d'autres articles de ce blog de revenir sur les liens du célèbre comédien avec la famille Rancy depuis ce premier contact évoqué plus haut avec Sarah Caryth aux cirques " Jean Richard- Rancy-Carrington ", puis " Amar- Rancy-Carrington - Zoo Jean Richard ", enseignes utilisées en Picardie et dans le Nord-Pas-de-Calais par Brigitte et James Carrington...
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