La voltige cosaque, encore appelée djigitovka ou voltige en ligne, est un sport équestre spectaculaire se produisant sur une ligne droite de soixante à cent mètres sur laquelle le cavalier lance son cheval au galop, lâche sa figure, revient en selle et arrête sa monture au bout de la ligne. la " croix de la mort ", le "salut cosaque ", la " planche ", le " salut au tsar ", le " coucher sur l'encolure ", le " poirier ", l'" alouette ", les " passage sous l'encolure " et " sous le ventre ", les " à terre " et " double à terre à cheval ", la " vire-tourne ", la " trainade ", le " drapeau ", le " pied à l'étrier ", le " pistolet ", la "toupie ", la " robinette " sont quelques-unes des figures réalisées par les cavaliers, tout en sachant qu'il est toujours possible d'en inventer d'autres ou d'en effectuer à plusieurs sur un même cheval. Au cirque, évidemment, la circularité de la piste modifie quelque peu les fondements de ce type de voltige, mais les figures exécutées sont pratiquement identiques à celles visualisées dans le sport. Ce sont des artistes originaires du Caucase, région géographique montagneuse d'Eurasie séparant l'Europe au Nord à l'Asie au Sud, et s'étendant donc de la Russie (Caucase du Nord) à la Transcaucasie (Caucase du Sud) englobant des pays comme la Georgie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la région de Karsk en Turquie, qui ont importé en Europe cette discipline qui ravit souvent le spectateur de par son côté impressionnant. Il faut une selle spéciale pour voltiger " à la cosaque " avec étriers et pommeau. Elles sont matelassées et possèdent également un collier de chasse et trois sangles ventrales. Il faut aussi un aménagement de la piste.
A ces cavaliers cosaques, on pourrait ajouter, voire opposer, les cavaliers tartares, historiquement parlant, rivaux des cosaques. Les troupes de cavaliers tartares furent plus rares au cirque et ont, de nos jours, disparu des pistes.
Après l'immigration de la guerre civile russe, de nombreux cosaques se sont retrouvés en France. Ce fut notamment le cas de Basil Pakhomoff qui monta une troupe de voltigeurs djiguites. Né en 1895 à Novotcherkesh dans la province du Don, une des sept provinces du Sud-Est de la Russie qui sont la patrie des excellents cavaliers que sont les cosaques, mobilisé au 16ème régiment de l'armée russe, Pakhomoff prit part à la guerre 14-18, y fut blessé à deux reprises, et, après la révolution, quitta son pays en octobre 1919, gagnant Bizerte où il vécut un an. En 1925, il débarqua en France et, pour la premioère fois, avec quelques camaradesn présenta une troupe de djiguites à Paris au Stade Buffalo. Il y resta un mois, parut ensuite au Champ de Mars, puis, la troupe étant bien rôdée, partit pour des représentations en Belgique, en Espagne et aux Pays-Bas. La troupe devait tourner dans divers films dont, en 1926, " Fanfan la Tulipe ". La réussite souriait alors aux cavaliers russes et on les applaudissait à peu près dans tous les pays d'Europe dans l'entre-deux-guerres. Me 18 mai 1939, Basil Pakhomoff présenta à Calais une soirée inoubliable dans les chantiers Pagniezn rue Mollien. Les cavaliers se livrèrent à de mille acrobaties à cheval, finissant par passer au milieu d'un véritable rempart de feu. Il partit ensuite pour l'Angfleterre. Quand il revint à Calais, la guerre éclatait et les chevaux furebt réquisitionnés. En 1946, Pakhomoff et ses hommes reconstituèrent leur compagnie, qui parut de nouveau en France et à l'étranger. Pakhomoff s'était d'ailleurs établie à Calais au POnt-du-Leu très précisémént, où il avait épousé une calaisienne, Andréa efachelle, qui lui donna cinq garçons et deux filles. En 1964, bien qu'âgé de 70 ans, Basil Pakhomoff n'hésita pas, à l'occasion d'un spectacle donné par la troupe à l'" Hippodrome du Beau Marais ", à exécuter lui-même divers exercices périlleux dont un " otvalka " (renversement) sur le côté. La troupe de Basil Pakhomoff ne se produisit jamais, à ma connaissance, ni chez les Rancy, ni chez les Houcke. En revanche, dans la troupe de l'un de ses enfants, Pierre Pakhomoff, qui continuèrent à illustrer le nom dans des représentations équestres, figura un jour un certain Sacha Houcke Junior....
A l'inverse, la famille Bratuchin arriva en France dans les mêmes circonstances, et on vit la troupe d'Yvan Bratuchin au " Cirque Napoléon Rancy " :
1954.... Si vous êtes des fidèles de ce blog, vous savez que c'est l'année de la " Féérie à Sumatra " chez "Napoléon Rancy" ! 1954 est aussi l'année où la jeune troupe d'Ivan Bratuchin, dont le créateur de la troupe en personne ou son épouse présentaient aussi un numéro de haute école aux longues rênes, mais pas chez " Rancy ", y anima sa voltige équestre caucasienne, tout au moins durant une partie de la saison, un numéro qui deviendra célèbre par la suite. On reverra des Bratuchin à Rouen en octobre 1978 lorsque Sabine Rancy produira des spectacles à l'occasion de la Saint-Romain sous le chapiteau du " Circo Deros " des Rossi. Cette troupe était alors composée de deux femmes et un homme, parmi lesquels devait certainement se trouver Mignon Bratuchin qui avait connu toute jeune le chapiteau de Tilly et Henry lorsque ses parents s'y produisirent, et de trois chevaux. Le clou du numéro était alors le passage simultané de l'une des voltigeuses sous l'encolure du cheval, tandis que le voltigeur passait sous le ventre de sa monture. Dans ce type d'attraction, la piste ronde limitait la vitesse du cheval et favorisait les heurts sur la banquette, mais la force centrifuge, en revanche, favorisait l'équilibre des acrobates. Au final, les lumières s'éteignaient et les chevaux sautaient des barrières de feu, un moment qui impressionnait toujours le public....
Quatre autres numéros de voltige cosaque ou tartare vont retenir notre attention cette semaine. Et comme nous allons le constater, tous n'étaient pas originaires du Caucase, et encore moins de Russie, loin s'en fallait. Ainsi, baladons nous de la Pologne au Portugal en passant par l'Afghanistan et la France et retrouvons, des plus vrais aux plus invraisemblables, les cavaliers tartares d'Andreas Krywilski, les " Cosaques de l'Afghanistan ", Master William (Bourbonnel) et, enfin, les Eris Diaz de la famille Gottani....