" Le russe qui a stupéfié les soviétiques ".... Tout le monde se souvient encore de cette affiche de 1981 du " Cirque Rancy-Carrington ", affiche existant en différents formats et annonçant Boris Borsuks, célèbre pickpocket, moins renommé cependant que ne le fut l'immense Charly Borra, également applaudi chez " Rancy ", mais au temps de Sabine, autrement dit quelques années plus tôt.
Boris Borsuks, un parisien d'origine russe, ou plutôt lettone, avait pourtant bien des points communs avec le grand Borra. Outre le fait que son nom commence aussi par la lettre " B ", Borsuks surprenait tout autant les spectateurs non complices en leur subtilisant montres, bracelets, bretelles, cravates, papiers, etc.... sans qu'aucun de ceux-ci ne s'aperçoive de rien. En revanche, à la différence de Borra, il ne s'incrustait pas parmi le public, sous un aspect méconnaissable, avant que le spectacle ne commence, effectuant ses dissimulations uniquement sur la piste, ce qui lui évita quelques désagréables surprises comme celle qui arrivèra à son " concurrent " direct chez " Rancy " aux Pays-Bas en 1969, où un spectateur fit intervenir la police. De son vrai prénom Jazeps Borsukas, né en 1922, il avait commencé sa carrière au cirque à la fin des années 1930 à Riga en temps que garçon de piste, puis éclairagiste. Alors qu'il exerçait cette dernière fonction, il devait monter en cachette son premier numéro, à priori dans les airs. La rencontre dans la capitale lettone avec Constantin Kala, fameux " homme autruche " de l'époque, lui donna l'idée d'effectuer à son tour une prestation dite d'" aquarium vivant ", attraction qu'il présenta pour la première fois en 1940. Au cours de celle-ci, il ingurgitait donc divers objets allant de pierres au contenu d'un aquarium, soit trente litres d'eau et la grenouille qu'il contenait,, en passant par des montres dont on entendait le tic-tac dans son estomac, ou encore une ampoule branchée à un interrupteur. On raconte ainsi que lorsqu'il appuyait sur ce dernier, l'ampoule s'allumait et l'on voyait alors son reflet au travers de son corps nu. Il présenta ce numéro sous le nom de Borsuks, ou parfois Bor-Suk, tout court, dit " le miracle de la médecine ". En 1943, tandis que la guerre battait son plein, Borsuks quitta la Lettonie pour l'Autriche, puis l'Allemagne à partir de 1946 où, devenu manipulateur et plus spécifiquement pick-pocket, il effectuait des tours pour des clubs de l'armée américaine avant de débuter en 1949 une carrière pour son propre compte. La première scène sur laquelle le jeune homme à l'allure désormais très américaine a " volé ", fut celle du casino " Kurpark " de la ville de Bad Kissingen, puis ce sera Hambourg. Renouant le contact avec Karlis Petersons, ancien artiste et ancien directeur du cirque de Riga alors expatrié aux Etats Unis où il travaillait chez " Barnum ", lequel aidait volontiers les artistes lettons à trouver du travail de l'autre côté de l'océan, permit à celui qui s'appelait désormais Boris Borsuks d'avoir des engagements dans divers cirques d'outre Atlantique. Devenu l'un des meilleurs pick-pockets du monde, ayant fait le tour de celui-ci - il parlait douze langues - on le verra en France au " Cirque Médrano " en janvier 1950, puis au " Cirque d'Hiver " en décembre 1953. Il se fixera d'ailleurs à Paris et épousera une française qui lui donnera un fils. Boris Borsuks, vêtu d'un costume d'opérette mi-Strogoff, mi-Raspoutine, commençait ainsi son numéro après avoir salué et fait quelques tours, sortant ainsi une douzaine de balles de ping-pong, puis un oeuf de sa bouche - histoire de rappeler son passé d'" homme aquarium " - avant de s'exclamer : " Je suis Russe. J'ai quitté la maison parce qu'il n'y avait rien à voler ". Borsuks se dirigeait ensuite allégrement vers le public, choisissant quelques spectateurs de préférence masculins, les invitant à se rendre sur la piste ou sur la scène. Sur celles-ci, il se rendait de l'un à l'autre, ne s'attardant jamais plus longtemps que nécessaire le temps de faire quelques déclarations, de poser quelques questions et d'écouter deux à trois réponses. Il prévenait qu'il les avait " volé " avec charme et virtuosité et, un peu plus tard, ressortait de sa poche portefeuilles, bretelles, cravates, montres, étuis à cigarettes, etc.... C'est donc ce numéro que l'artiste effectua chez " Rancy-Carrington " en 1981.
Boris Borsuks dût toutefois interrompre une partie de la tournée de celui-ci, et notamment la soirée de gala à Versailles, car, souffrant, il dût être hospitalisé et remplacé temporairement par un autre attraction non moins prestigieuse du Cirque, celle des Barios. Boris Borsuks se retira à Sainte-Maxime dans le Var où un document ci-dessous le visualise devant sa propriété. Peintre à ses heures comme nous le montre une autre des photos inédites publiées par Ludmilla, une parente, décédera dans cette commune en 2010....
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