Honorons aujourd'hui une curiosité de plus dans la " baraque de phénomènes " des Rancy, en la personne de James Elroy, surnommé " l'homme aux pieds merveilleux ", qui était en réalité un homme sans bras, se servant donc uniquement de ses jambes et de ses pieds avec davantage de dextérité que le commun des mortels, de ses bras et de ses mains. Déboucher une bouteille, boire un verre, prendre une petite cuiller, fumer une cigarette, faire roule des billes et tourner une toupie, brosser un tableau, jouer au poker, brasser et donner des cartes, charger un fusil et tirer à en éteindre une bougie allumée, jouer du cornet à piston, de la clarinette, de la batterie, mais aussi du piano, ce qui nous intéresse plus particulièrement aujourd'hui. Tout cela, cet anglais flegmatique le réalisait avec une précision à faire pâlir le plus adroit des spectateurs des cirques " Napoléon Rancy ", puis " Alphonse Rancy " qui le présentèrent en 1927,1928 (" Cirque de Rouen ") et 1929 sur leurs pistes respectives, des spectateurs qui, parfois, doutaient de la réalité de son infirmité, pensant que ses membres supérieurs étaient tout simplement pendants le long du corps et dissimulés sous sa jaquette, mais déchantant s'ils le rencontraient en ville et tout particulièrement dans un bar, s'apercevant alors qu'il portait deux prothèses qu'il enlevait en piste et que, très alerte de son pied droit, il s'emparait d'un verre qu'il buvait presque d'un trait et se servant de sa chaussure comme porte-monnaie, il réglait sa consommation. Il faut dire qu'une heureuse disposition de son caractère et de son esprit prit soin qu'il ne souffrait pas de son infortune ni physiquement, ni intellectuellement. Ce qui, pour d'autres, aurait été une source de souffrance ou d'amertume, était pour Elroy une vertu capable de renforcer son énergie. Il apprit tout simplement à organiser sa vie selon ses propres moyens. James Elroy était né en 1889 à Manchester d'une famille travaillant dans un music-hall. Il prit l'habitude de se servir de ses pieds dès l'âge de quatre ans comme d'autres le faisaient de leurs mains avec, néanmoins un petit effort supplémentaire. Il faut dire qu'il étudia dans une école spéciale pour infirmes de Newcastle en compagnie de jeunes gens privés d'au moins un de leurs membre, d'où une certaine forme d'entraide. Il entreprit à dix-huit ans le métier de graveur jusqu'au jour où il se fit remarquer par un imprésario qui lui proposa d'effectuer des tournées au music-hall et au cirque. " Je souhaite tout simplement que tous ceux qui ont leurs mains soient aussi heureux de vivre que moi-même ", disait James Elroy qui, de par son métier d'artiste, fit le tour du monde avec son infirmité et gagna très bien sa vie, prouvant, une fois de plus, que le cirque ou le music-hall sont l'école de la vie....
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