Trente-sept mètres, quatre mètres et un mètre quatre-vingt.... Voilà les trois chiffres clés qu'il faut retenir à propos du numéro de Peejay Ringens, dit le " champion du monde du plongeon " ou encore le " poisson volant ", et qui correspondent respectivement à la hauteur du dit saut, à la largeur du bassin et à sa profondeur. En bas, les têtes des spectateurs venus applaudir ce numéro se levaient. C'est à peine s'ils apercevaient l'homme au maillot vert, juché sur une étroite plateforme, avant qu'il n'effectue son saut de la mort. Soudain, leurs coeurs se serraient. Ringens prenait son élan, penchait le corps en avant, en arrière, de côté. Il " tâtait " le vide, en quelque sorte. Instant dramatique. Le plongeur se renversait doucement en arrière. Et ce n'était plus la vision d'un homme qui plongeait, mais celle d'un être fantastique décrivant dans l'espace mille courbes hallucinantes que, lorsque le numéro se déroulait sous les feux des projecteurs, rendaient plus irréelles encore. Soudain, un bruit sourd se faisait entendre, deux jets d'écume argentée apparaissaient et les eaux se refermaient sur leur proie. L'immense clameur des spectateurs enthousiasmés se faisait alors entendre, tandis que le héros de cette magnifique plongée, souriant, flegmatique, faisait son apparition à la surface laissant échapper un " Good night, Ladies et Gentlemen ! ". Vous l'aurez compris, Ringens était américain. Il aimait raconter que sa prestation était davantage un effort mental que physique et qu'il n'était pas véritablement un sportif, car il était capable de rester six mois sans s'entraîner. Pourtant, sa loge était, dit on, remplie de médailles attestant d'autant de victoires acquises ailleurs que dans les cirques, celle, par exemple, du premier championnat de la marine américaine qu'il remporta alors qu'il n'avait que dix-huit ans ou bien cette autre décrochée aux Jeux Olympiques de Stockholm en 1912. Souvenez vous ! Je disais dans le cours de cet article que le numéro de Peejay Ringens se déroulait parfois sous le feu des projecteurs, laissant sous-entendre que ce n'était pas toujours le cas, ce que l'on peut comprendre aisément vue la hauteur du point de départ de l'exploit réalisé. Ce n'était dons pas le cas au " Cirque d'Hiver " itinérant en 1932 lorsque celui-ci, sous la direction de Gaston Desprez, prit à Lyon le nom d'" Alphonse Rancy ", ni même à Bordeaux au " Cirque Houcke-Rancy " la même année, le numéro se déroulant dans ce dernier établissement à l'extérieur durant l'entracte. Ajoutons que cette attraction était agrémentée par les gracieuses évolutions de Miss Swan Ringens et de ses nageuses californiennes, les " Diving Girls ", qui précédaient le plongeon de Peejay, mais qui pouvaient aussi, notamment à l'intérieur des établissements ne pouvant accueillir le tremplin de ce dernier, se produire seules. Les gracieuses naïades effectuaient divers sauts à partir de tremplins situés en vis-à-vis avant que Swan qui n'était autre que l'épouse de Peejay, ne réalise elle-même un plongeon d'une hauteur d'une vingtaine de mètres de hauteur. Une dernière chose à propos des Ringens : en 1930, ils effectuèrent une tournée avec leur propre établissement sous le nom de " Cirque Ringens ", tournée qui ne se renouvellera toutefois pas....
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